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WAŁESA LECH (1943- )

Ouvrier électricien meneur de grèves sous un régime communiste, prix Nobel de la paix relégué dans un bloc de banlieue sous haute surveillance, premier président de la République de Pologne élu au suffrage universel direct, « Lech Wałȩsa » est aussi le nom donné à l'aéroport de Gdańsk. C'est dire la popularité de cet homme dans son pays, la Pologne, auquel il s'est complètement donné, et dans le monde, où son visage et sa voix se sont longtemps confondus avec le syndicat indépendant Solidarność, le vainqueur du régime communiste. Il est certainement, avec Jean-Paul II, le Polonais le plus célèbre de la fin du xxe siècle. Pourtant, ce résumé abrupt d'une vie laisse entrevoir les contradictions de son caractère et le bilan plus mitigé de son exercice du pouvoir ; il apparaît plus protestataire que constructeur.

Un rebelle

Rien ne disposait à ce destin l'enfant né au plus profond de la guerre, le 23 septembre 1943, à Popowo, un bourg rural du centre nord de la Pologne, région alors annexée par l'Allemagne nazie. Son père, un charpentier descendant d'une famille de fermiers paupérisés, a été arrêté par l'occupant. Il meurt peu après son retour de déportation. Lech grandit dans une famille de sept enfants dont trois demi-frères, sa mère s'étant remariée. Élève médiocre, il est orienté vers des études professionnelles et embauché, à sa sortie en 1961, comme électricien dans le parc des machines d'une ferme d'État. Par ennui ou par esprit d'indépendance, il est ensuite attiré par le nouveau pôle industriel qui émergeait plus au nord, autour de Gdańsk. Il entre au chantier naval Lénine le 30 mai 1967 et, à vingt-quatre ans, devient électricien de marine. Il habite, comme la plupart de ses collègues, dans un hôtel ouvrier. À cette époque, il rencontre une jeune fleuriste venue elle aussi de la campagne, qu'il épouse en 1969 ; Danuta vit l'épopée de son mari à ses côtés. C'est d'ailleurs elle qui lit, à Stockholm, le discours de réception du prix Nobel de la paix en 1983.

À Gdańsk, peu avant les fêtes de Noël 1970, la population se révolte contre une hausse intempestive du prix des produits alimentaires ; au chantier naval, Lech Wałȩsa est élu délégué par son atelier et se retrouve à la tête des manifestants. En quelques heures, la protestation tourne à l'émeute et, au petit matin, il est arrêté tandis que l'armée tire sur les grévistes, faisant plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Libéré, après avoir signé une promesse de loyauté (qui lui sera reprochée dans les années 1990), il fait partie des représentants ouvriers reçus, en janvier 1971, par Edward Gierek, le nouveau secrétaire général du Parti. Licencié du chantier naval en avril 1976, il figure parmi le petit groupe de militants qui fonde un « Comité pour un syndicat indépendant » semi-clandestin avec son journal Robotnik Wybrzeza (« l'ouvrier de la côte »). Il est régulièrement licencié pour ses activités militantes, arrêté, interrogé, relâché – il sera accusé à la fin des années 1990 par un de ses anciens camarades d'avoir collaboré avec la police, accusations définitivement invalidées par le tribunal de Gdańsk en 2005.

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Écrit par

  • : historien, chargé d'enseignement à l'Institut d'études européennes, université de Paris-VIII

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