WAŁESA LECH (1943- )
La voix de Gdańsk
Quand éclate la grève d'août 1980 au chantier naval Lénine, il rejoint ses anciens camarades qui l'élisent président du comité de grève. Animateur hors pair, il entretient la force du mouvement et dirige les négociations avec les représentants du pouvoir communiste. Il signe, au nom des grévistes, les accords de Gdańsk (31 août) qui donnent naissance au syndicat indépendant Solidarność. Dès lors, sa biographie suit la destinée de ce mouvement qui contribuera, en 1989, à la chute du régime communiste et, en 2004, à l'intégration de la Pologne démocratique au sein de l'Union européenne.
Élu président de Solidarność au premier congrès de l'été de 1981, il est arrêté le 13 décembre 1981, après le coup de force du général Wojciech Jaruzelski. Libéré en novembre 1982 mais maintenu sous haute surveillance, il peut conserver le contact avec la direction clandestine du syndicat. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1983, sa popularité reste très forte dans le pays, au point que le général Czesław Kiszczak, ministre de l'Intérieur, prend contact avec lui quand une nouvelle vague de grèves frappe Gdańsk au printemps de 1988. Intransigeant, Lech Wałȩsa n'accepte d'ouvrir une nouvelle discussion avec le pouvoir que si Solidarność est légalisé à nouveau et que ses amis assistent à la réunion. La négociation aboutit aux « accords de la Table Ronde » (février-avril 1989) qui sanctionnent la fin du régime communiste, et l'opposition remporte une large victoire aux premières élections libres de juin 1989. Leader charismatique de ce changement, Lech Wałȩsa laisse la place à un de ses proches conseillers, l'intellectuel catholique Tadeusz Mazowiecki, pour diriger le gouvernement, puis il s'oppose à lui lors de la première élection au suffrage universel d'un président de la République (1990). Élu au second tour avec 74,3 p. 100 des suffrages exprimés, il déçoit au point que son successeur, l'ancien communiste Aleksander Kwasniewski, fait deux mandats (1995-2005), et que Lech Wałȩsa ne retrouve jamais le succès électoral.
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Écrit par
- Jean-Yves POTEL : historien, chargé d'enseignement à l'Institut d'études européennes, université de Paris-VIII
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