WAŁESA LECH (1943- )
Une figure morale
Il conserve toutefois une grande popularité en Pologne et dans le monde. Un sondage réalisé en décembre 2006 résumait bien l'image que gardent de lui les Polonais, comparé à ses deux successeurs : il est le meilleur patriote, le plus honnête et le plus social ; en revanche, l'opinion trouvait Aleksander Kwiasniewski plus objectif, plus efficace et surtout meilleur diplomate. En fait, le tempérament politique et les convictions de Lech Wałȩsa expliquent cela. Anticommuniste de longue date, démocrate, catholique fervent, il voue un culte à la Vierge noire de Czestochowa, patronne de la Pologne, dont il porte toujours l'image au revers de la veste. Son catholicisme est également social, proche des principes énoncés par Jean-Paul II dans son encyclique sur le travail, ce qui a fait de lui un porte-parole extraordinaire des mouvements ouvriers, mais qui a pu, parfois, nourrir certains accents démagogiques. On aime sa franchise et son honnêteté, mais on n'apprécie pas toutes ses fréquentations. Sa fascination pour cette autre incarnation de la nation polonaise que fut Jean-Paul II ne l'a pas empêché de rester trop longtemps lié avec l'aumônier Henryk Jankowski, conservateur et antisémite notoire (d'ailleurs déchu de ses responsabilités par l'épiscopat en 2003).
En fait, s'il est sans conteste un démocrate, Lech Wałȩsa est habité par le modèle politique archétypal en Pologne, celui de Josef Pilsudski, figure que l'on pourrait comparer à celle du général de Gaulle pour les Français. Volontaire et efficace, se plaçant au-dessus des partis, tolérant et providentiel, sauveur de la patrie et incarnation de sa grandeur, tel s'est toujours rêvé Lech Wałȩsa lorsque, président du syndicat, il prenait des décisions en dehors des règles établies pour sortir de situations difficiles, ou lorsque, président de la République, il intriguait contre un gouvernement et un Premier ministre de son propre camp. Force est de constater que cette ambition est restée une chimère et que le petit électricien devenu Prix Nobel dut se « contenter » de son prestige moral. Proche du libéral Donald Tusk vainqueur des élections législatives de 2007, sa voix continue à porter en Pologne lorsqu'il faut défendre les acquis démocratiques de 1989, ou dans le monde, pour la liberté et les droits de l'homme en Ukraine, en Biélorussie ou ailleurs. Dès lors, Lech Wałȩsa s'installe dans la posture du vieux sage.
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Écrit par
- Jean-Yves POTEL : historien, chargé d'enseignement à l'Institut d'études européennes, université de Paris-VIII
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