LECTINES
Structure et propriétés
Elles sont composées d'une ou plusieurs sous-unités associées par des forces non covalentes en une molécule polymère.
La mieux connue, la con A, est un tétramère dans lequel des ions métalliques interviennent dans l'assemblage des sous-unités et dans la configuration du site de liaison, configuration d'une grande importance pour son activité.
La phytohémagglutinine de Phaseolus vulgaris (PHA) est formée de la combinaison d'une sous-unité E érythroagglutinante et d'une sous-unité L leucoagglutinante. La première est synthétisée au début de la maturation de la graine, la seconde l'est en fin de maturation. Cinq isolectines existent : E4, E3L, E2L2, EL3, L4. Elles sont agglutinantes ou mitogènes selon que E ou L prédomine.
Les lectines ont été classées selon leurs propriétés en agglutinantes, mitogéniques, toxiques, à rôle d'enzymes (chez Vigna radiata, une lectine purifiée possède une activité α-galactosidase) et en β-lectines. Ces dernières, formées d'une simple chaîne polypeptidique, semblent très répandues dans le règne végétal.
Les propriétés des lectines sont les suivantes :
1. Liaison avec les sucres. Elle est spécifique et propre à chaque lectine de sorte que la connaissance du sucre spécifique conditionne la mise en évidence de l'activité lectine. La détermination du sucre spécifique est déduite à partir de l'interférence avec la liaison de dérivés sucres appelés « haptènes » par analogie avec le terme immunologique. Cette spécificité fut d'abord étudiée sur les érythrocytes, et l'on a trouvé des lectines spécifiques des groupes sanguins, A, B, O, H, M et N.
2. Agglutination des cellules. C'est la manifestation la plus visible de l'interaction des lectines avec les cellules. Pour qu'elle se produise, les lectines doivent posséder au moins deux sites de reconnaissance et de liaison avec les saccharides de surface des cellules animales ou autres (bactéries, virus, mycoplasmes, champignons...), les lectines monovalentes à un seul site de reconnaissance ne provoquent pas l'agglutination.
L'intérêt a été stimulé quand on s'est aperçu que les lectines agglutinent plus facilement les cellules malignes que les mêmes cellules normales. Des différences préférentielles ont été remarquées également entre cellules embryonnaires et cellules adultes, entre cellules en mitose et cellules en interphase.
3. Stimulation lymphocytique. Une des propriétés les plus étonnantes des lectines réside dans leur pouvoir de transformer les petits lymphocytes du sang en cellules blastiques (lymphoblastes munis d'un noyau volumineux entrant rapidement en mitose). Cette transformation lymphoblastique résulte du pouvoir mitogène des lectines mais, en général, il ne s'exerce que sur les lymphocytes T (fabriqués par le thymus).
4. Stimulation de cellules végétales. L'action mitogène a été constatée dans d'autres conditions ; par exemple, dans le contrôle des divisions cellulaires au début de la germination (exaltation de la croissance des racines d'oignon sous l'action de la PHA du haricot). La concanavaline A et les PHA stimulent également la germination in vitro des grains de pollen en réduisant la période de latence qui précède l'émergence du tube pollinique.
Les PHA auraient un rôle dans l'orientation des microtubules qui participent à la formation du fuseau mitotique.
5. Toxicité des lectines. Plusieurs lectines (con A, agglutinine du germe de blé, PHA du haricot, lectine du robinier...) sont toxiques pour les cellules animales. Leur toxicité est beaucoup plus faible que celle de la ricine, de l'abrine et de la modeccine isolée récemment des racines d'Adenia digitata (Passifloracée) ; ces trois lectines sont mortelles à faible dose. toxine est généralement sélective et[...]
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Écrit par
- Jacques MIÈGE : professeur à l'université de Genève, directeur du département de biologie végétale
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