LECTURES D'ÉCONOMIE POLITIQUE, Johan Gustav Knut Wicksell Fiche de lecture
Les Lectures d'économie politique achèvent l'œuvre publiée de Johan Gustav Knut Wicksell (1851-1926), économiste suédois, mathématicien de formation. L'ouvrage se compose de deux tomes : le premier, publié en 1901, est consacré à la théorie du capital et reprend les thèmes exposés dans Valeur, Capital et Rente (1893), et le second, publié en 1906, traite de la théorie de la monnaie et du crédit et prolonge l'ouvrage Intérêts et prix (1898). L'originalité du propos est multiple : elle tient à la place accordée à la monnaie et au taux d'intérêt dans l'explication des phénomènes économiques, à la description des liens entre la monnaie et le système des prix, ainsi qu'à la méthodologie mise en œuvre pour l'analyse de la monnaie et du crédit. La traduction allemande du second tome en 1922 – en pleine crise d'hyperinflation – puis celle des deux tomes en anglais, en 1935, feront la renommée de l'ouvrage. Alors que, selon les théories antérieures, les variations de prix monétaires résultaient soit de celles d'un prix particulier, soit des fluctuations des coûts de production des métaux précieux, elles sont dorénavant expliquées par une discordance entre les décisions du marché et celles des institutions monétaires et bancaires.
De la théorie du capital à la théorie monétaire
Dans le premier tome des Lectures, Wicksell définit les concepts du « capital » et du « taux d'intérêt naturel » en intégrant le temps à l'analyse, dans le prolongement des avancées d'Eugen von Böhm-Bawerk. Des biens peuvent être mis en attente avant d'être investis dans un processus de production, dans l'espoir d'une augmentation ultérieure du niveau produit. Ils constituent en ce sens un capital. Et le taux d'intérêt rémunère les profits escomptés, mesurés sur la base de la productivité marginale de ce capital.
Wicksell poursuit sa réflexion sur la nature du capital en expliquant les phénomènes de répartition. Ces derniers ne peuvent être compris qu'à travers une double analyse. Il faut premièrement qu'une analyse préalable articule les niveaux micro et macroéconomiques ; Wicksell pose les jalons pour définir les notions d'offres et demandes globales : « Une hausse générale des prix, écrit-il, est concevable seulement si on suppose que, pour une raison quelconque, la demande générale est devenue, ou anticipée comme devant l'être, plus élevée que l'offre. » Deuxièmement, il faut procéder à une analyse des échanges monétaires ; Wicksell renonce à la neutralité de la monnaie : « [...] nous nous intéressons plus précisément, en premier lieu, au maillon intermédiaire de l'échange final d'un bien contre un autre bien, lorsque l'offre et la demande de biens s'effectuent en contrepartie de monnaie. Toute théorie monétaire digne de ce nom doit être capable d'expliquer comment et pourquoi dans des conditions données, la demande monétaire de biens excède ou tombe en dessous de l'offre de biens. » Ces deux axes de la théorie wicksellienne se cristallisent sur l'étude des relations entre épargne et investissement.
Wicksell consacre le second tome des Lectures à l'explication des variations de la valeur de la monnaie et des phénomènes liés au crédit. Les concepts de taux d'intérêt naturel – taux « auquel la demande de capital nouveau est exactement couverte par l'offre d'épargne » – et de taux d'intérêt monétaire, taux appliqué par les banques sur les crédits exprimés en monnaie, lui permettent de définir les conditions de l'équilibre économique, à savoir l'égalité entre le taux d'intérêt naturel et le taux d'intérêt monétaire.
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Écrit par
- Julien DUPONT : chercheur au Groupe de recherches épistémologiques et socio-économiques, université de Paris-I
Classification
Média