MARIALES LÉGENDES, littérature
Le récit des « miracles » de la Vierge Marie constitue l'un des genres les plus répandus de la littérature médiévale de toute l'Europe. Dès le début du xie siècle des écrits en latin rapportaient ces légendes. Le genre se développe surtout au xiiie siècle : Miracles de Notre-Dame (1218) de Gautier de Coincy, Speculum historiale (vers 1244) de Vincent de Beauvais, le Miracle de Théophile (vers 1260) de Rutebeuf. Les Quarante Miracles de Marie furent représentés à Paris au xive siècle. En Espagne, les Milagros de Nuestra Señora de Berceo (1195 ?-1264 ?) contiennent vingt-cinq histoires montrant l'intervention miraculeuse de la Vierge en faveur de ses dévots. Une piété ingénue et délicate inspire ce poète. Duelos que hizo la Virgen, Loores de Nuestra Señora, ainsi que le Liber Mariae de Juan Gil de Zamora (en prose latine), exaltent à la même époque le culte marial. Ce culte inspire aussi les admirables Cantigas de Santa María du roi Alphonse X le Sage (1221-1284) écrites en galicien, sur le modèle du zéjel (forme de poésie arabo-andalouse). Beaucoup de comedias qui racontent comment des bandits se sont repentis et ont été sauvés par l'intervention de la Vierge Marie s'inspirent de ces légendes : El Prodigio de Etiopía de Lope de Vega, La Devocíon de la Cruz de Calderón, Osar morir de la vida de Zabaleta, La Devoción de la misa de Vélez de Guevara, Lo que puede el oir misa de Mira de Amescua... Certains « miracles » ont eu une fortune exceptionnelle : tel celui du moine à qui la Vierge concède la grâce d'une extase et qui, à son réveil, ne reconnaît personne : l'extase a duré trois cents ans ; H. W. Longfellow s'en est inspiré. Citons encore l'histoire de cette nonne qui, avant de s'enfuir du couvent avec son galant, laisse les clefs du monastère sur l'autel de Marie à qui elle se confie ; la Vierge prend son visage et sa forme ; ainsi nul ne s'est aperçu de l'escapade avant le retour de la repentie. Après Lope de Vega (La Buena Guarda o la encomienda bien guardada), Vélez de Guevara (La Abadesa del cielo), ou Zorrilla (Margarita la tornera), Charles Nodier et Maeterlinck racontent à leur tour ce miracle.
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Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
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