LÉGION ARABE
Lorsqu'en 1921 se forme le nouvel État de Transjordanie, sous mandat britannique, son chef, l'émir ‘Abd Allāh, charge un officier britannique, le capitaine Peake, de constituer et de commander une petite force qui, pendant de longues années, joue un rôle de police civile. On l'appelle rapidement la Légion arabe : si elle recrute ses hommes parmi les Bédouins, elle est encadrée par des officiers détachés ou démissionnaires de l'armée britannique. La Légion arabe ne compte qu'un millier d'hommes en 1933 lorsque sir John Bagot Glubb, plus connu sous le nom de Glubb pacha, en prend le commandement, qu'il assume jusqu'en 1956. Elle se développe pendant la Seconde Guerre mondiale, participant aux combats du Moyen-Orient et, surtout, elle joue un rôle prépondérant lors de la première guerre de Palestine en 1948. À la fin du mandat britannique sur la Palestine, elle pénètre dans les territoires attribués aux Arabes par le partage de 1947 et soutient, particulièrement à Jérusalem, de vigoureux combats contre les troupes du nouvel État d'Israël. Les territoires occupés par elle, la Cisjordanie, sont incorporés à la Transjordanie qui prend alors le nom de Jordanie. Forte de douze mille hommes dont la solde est payée par l'Angleterre et dont tout le haut commandement est composé d'officiers britanniques, suivant un entraînement rigoureux et acceptant une discipline rigide, la Légion arabe apparaît alors comme un instrument efficace très dévoué à ‘Abd Allāh. Mais, très marquée par son encadrement britannique, elle est l'objet de vives attaques dans le monde arabe, qui doute de sa volonté de reprendre la lutte contre Israël. Après l'assassinat d'‘Abd Allāh (1951), face à un roi débile ou à son successeur, un adolescent, Ḥusayn, Glubb pacha et la Légion arabe, comprenant trois brigades d'infanterie et une brigade blindée, constituent pour beaucoup un État dans l'État. Désireux d'être maître chez soi et de désarmer toutes les accusations de complicité avec l'ancienne puissance de tutelle, Ḥusayn invite le 1er mars 1956 Glubb pacha à quitter le pays dans les deux heures. C'est la fin de la Légion arabe en tant que telle. Mais l'armée jordanienne, son héritière, en a conservé l'uniforme, ainsi que le sens de la discipline et de la fidélité au souverain.
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Écrit par
- Jean DELMAS : docteur habilité à la recherche, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, ancien chef du service historique de l'Armée de terre
Classification
Médias
Autres références
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ABDALLAH ou ABD ALLAH (1882-1951) roi de Jordanie (1946-1951)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 467 mots
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GLUBB sir JOHN BAGOT, dit GLUBB PACHA (1897-1986)
- Écrit par Françoise MEUSY
- 954 mots
- 4 médias
Après des études à l'Académie militaire de Woolwich, John Bagot Glubb, plus tard appelé Glubb Pacha par les Arabes, sert comme officier britannique, dès 1915, en France et en Belgique. Plusieurs fois blessé (il a une partie de la mâchoire arrachée), il reçoit de nombreuses décorations. Il...
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JORDANIE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Philippe RONDOT
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...celles wahabites, d'Abdelaziz ibn Saoud, qui avait chassé le chérif Hussein de La Mecque, sont manifestes –, et de maintenir l'ordre intérieur : c'est la Légion arabe mise sur pied par le capitaine Peake (Peake Pacha) en 1923 et devenue célèbre, en mars 1939, lorsque le major John Bagot (Glubb Pacha) en...