LÉGION D'HONNEUR
Le plus élevé des ordres nationaux français, créé le 29 floréal an X (19 mai 1802) par Napoléon Bonaparte, Premier consul, pour récompenser les services civils et militaires.
La Révolution, ayant aboli les décorations de la monarchie, avait remis des récompenses militaires, usage réglementé par l'arrêté consulaire du 4 nivôse an VIII, créant les armes d'honneur. Peu avant son accession au trône impérial, Bonaparte fondait un ordre consacrant le principe de l'égalité entre tous les services rendus au pays : la Légion d'honneur, nom inspiré de la Legio honoratorum de Rome, et qui connut immédiatement un prestige incomparable. Elle comprit quatre, puis cinq degrés de légionnaires ; trois grades : chevalier, officier, commandeur (d'abord commandant) ; deux dignités : grand officier, grand aigle (devenu grand-croix). L'Empereur présida aux Invalides, le 15 juillet 1804, et au camp de Boulogne, le 16 août suivant, les premières distributions de croix aux corps civils de l'État et aux officiers et soldats, notamment les possesseurs d'armes d'honneur, légionnaires de droit. Conservée par la Restauration aux côtés des ordres royaux rétablis, la Légion d'honneur redevint à partir du règne de Louis-Philippe le seul ordre national français. Son influence a été considérable et sert de modèle, depuis sa création, à presque tous les ordres du Mérite créés dans le monde entier.
Trois textes organiques l'ont régie depuis 1802 : l'ordonnance de 1816, le décret présidentiel de 1852 et le Code de 1962. Le chef de l'État, le président de la République, est grand maître de la Légion d'honneur. À la tête de celle-ci est placé un grand chancelier (qui jusqu'en 1809 eut sous ses ordres les chanceliers des seize cohortes, divisions territoriales de l'ordre). Un conseil de l'ordre l'assiste. Le siège de la Légion d'honneur se trouve à Paris, au palais construit en 1782 pour le prince de Salm et acheté par l'ordre en 1804, qui abrite aussi le Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie.
Un Français n'entre dans la Légion d'honneur qu'au grade de chevalier. Il doit justifier d'au moins vingt ans de services publics (ou vingt-cinq ans d'activités professionnelles), assortis de mérites éminents. Chaque avancement doit récompenser des mérites nouveaux (les membres des assemblées parlementaires ne peuvent être admis ou promus en cette qualité). Les nominations et promotions font l'objet de décrets du président de la République, publiés au Journal officiel. Mais elles ne prennent effet qu'après la réception de l'intéressé par un légionnaire, d'un grade au moins égal à celui du récipiendaire. Les légionnaires sont nommés à vie, sauf s'ils sont frappés d'une mesure disciplinaire. Nommés à titre militaire, ils reçoivent un traitement. Les maisons d'éducation de l'ordre sont réservées à leurs filles. Les étrangers peuvent être nommés directement à un degré supérieur, mais sont admis et non reçus dans l'ordre. Le Code de 1962 a supprimé les nominations à titre posthume et celles qui concernent les collectivités (villes, régiments).
La devise de l'ordre est : « Honneur et Patrie ». L'insigne créé par décret du 22 messidor an XII est l'étoile à cinq branches émaillées blanc, entourée d'une couronne de feuillage, suspendue à un ruban rouge ; le modèle actuel comporte la bélière en forme de couronne ovale de feuillage (chêne et laurier). Aux centres, médaillons d'or, ceinturés d'émail bleu ; centre avers : la République ; revers : deux drapeaux croisés, la devise et « 29 floréal an X ». Les insignes des chevaliers sont d'argent, ceux des officiers, des commandeurs et grands-croix, d'un modèle croissant, de vermeil ou d'or. La plaque est l'insigne complémentaire[...]
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Écrit par
- Claude DUCOURTIAL-REY : conservateur du Musée national de la Légion d'honneur et des ordres de chevalerie, Paris
Classification
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