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LÉGIONELLOSE

Importance de la prévention

L'enquête épidémiologique

L'enquête épidémiologique démontrera, comme le suggérait d'ailleurs l'évolution de la courbe épidémique en plusieurs vagues, l'intermittence et la persistance de la source de contamination. Au cours de l'enquête, la recherche des légionelles dans l'environnement a été effectuée aussi bien dans les réseaux d'eau chaude chez les patients contaminés que dans les tours aéroréfrigérantes ou les systèmes de refroidissement de la région avec, comme le veut la réglementation, arrêt des installations et nettoyage – désinfection si les taux retrouvés dépassent le seuil de 105 UFC/L (Unité formant colonie/litre). Au terme de toutes ces analyses (plus de 1 000), la souche responsable de l'épidémie (souche « Lens ») a été retrouvée dans la tour aéroréfrigérante, la station de lagunage et les boues d'ensemencement de la lagune de l'entreprise pétrochimique de Harnes, dans une station de lavage de voitures et dans la tour aéroréfrigérante d'une autre entreprise de la région. Toutes ces sources potentielles sont situées à Harnes et distantes de moins d'un kilomètre les unes des autres. De manière assez exceptionnelle, les légionelles seront même mises en évidence dans l'air, lors de prélèvements effectués près de la lagune. Cette lagune est en fait une station de traitement biologique des eaux usées chargées en hydrocarbures produites par l'entreprise pétrochimique. L'aération de la lagune est nécessaire pour favoriser la multiplication des bactéries. C'est sans doute l'aérosol produit par les aérateurs qui pourrait être à l'origine de la contamination de la tour aéroréfrigérante. Le premier nettoyage pratiqué sur une installation un peu vieille aura pu décoller le biofilm microbien (cf. microbiologie, chap. 5), sans complètement détruire les légionelles, facilitant ainsi la recontamination rapide du dispositif. L'étude des génomes confirmera l'identité entre les souches retrouvées dans la tour aéroréfrigérante ou la lagune de cette usine pétrochimique et celles isolées chez les patients, même pour ceux d'entre eux qui étaient restés à distance de l'usine (rayon de plus de 10 km autour de l'usine).

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Écrit par

  • : docteur en médecine, docteur d'État ès sciences, professeur des Universités en bactériologie, virologie, hygiène
  • : docteur d'État ès sciences pharmaceutiques, maître de conférences des Universités, praticien hospitalier

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La <it>Legionella </it><em>pneumophila</em> - crédits : S. Kaulitzki/ Shutterstock

La Legionella pneumophila

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