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LÉGITIMISTES

On appelle légitimistes les partisans de la branche aînée des Bourbons à partir de la révolution de juillet 1830. L'abdication de Charles X en faveur de son petit-fils le duc de Bordeaux surprend les plus fidèles royalistes et réduit toute velléité de résistance. Si les ultra-royalistes restent le plus souvent fidèles à la branche aînée, ce n'est pas le cas de tous ; en revanche, des royalistes modérés comme Martignac fournissent aussi des cadres aux légitimistes. Ceux-ci voient même leur nombre s'accroître assez rapidement par suite des maladresses de la monarchie de Juillet : la course aux places qui provoque l'épuration de la fonction publique, l'obligation du serment au nouveau souverain – ce qui multiplie les démissions dans l'armée et la magistrature et entraîne une « émigration de l'intérieur » – et enfin la vague d'anticléricalisme qui rend solidaire de l'ancienne dynastie la majorité du clergé catholique. Les légitimistes tentent une opposition violente avec le débarquement en Provence, en avril 1832, de la duchesse de Berry : la mère du duc de Bordeaux ne réussit pas à entraîner dans une insurrection les légitimistes marseillais, pourtant nombreux. Bien que pourchassée par la police et toutes les autorités officielles, la duchesse de Berry réussit à gagner la Vendée, déguisée en jeune paysan, puis Nantes où elle est découverte par trahison le 6 novembre et transférée à la forteresse de Blaye ; elle y accouche d'une fille, ce qui apporte quelque discrédit à sa cause et aggrave les discussions internes des légitimistes. À la mort de Charles X à Goritz, le 4 novembre 1836, les plus liés à l'Ancien Régime reconnaissent pour leur roi le duc d'Angoulême et lui donnent le nom de Louis XIX alors que la majorité des légitimistes en France ne reconnaissent que son neveu le duc de Bordeaux, Henri V. Ce dernier prend le nom de comte de Chambord en 1843, à l'occasion d'un voyage à Londres (à Belgrave Square) au cours duquel plusieurs centaines de ses partisans viennent de France pour le saluer. L'action violente autant que les vains espoirs d'une aide étrangère pour renverser Louis-Philippe – ils réapparaissent au moment de la crise de 1840 avec l'Angleterre – amènent les légitimistes soit à s'isoler dans une opposition passive entretenant un culte de la fidélité aux Bourbons, soit à se rallier à une opposition légale.

Les légitimistes disposent d'une presse importante à Paris : la Gazette de France dirigée par l'abbé Genoude, La Quotidienne qui fusionne en 1847 avec L'Écho français et La France pour donner L'Union monarchique, la revue La Mode animée par Alfred Nettement ; en province, ils entretiennent des journaux dans une vingtaine de villes au moins : Gazette du Midi à Marseille, Gazette du Languedoc à Toulouse, L'Hermine à Nantes, etc., ces noms rappelant d'anciennes provinces. Ils ont aussi des députés, élus dans le Midi, tels Berryer à Marseille, Béchard à Nîmes, ou dans l'Ouest comme La Rochejaquelein et, plus tard, en Anjou comme Falloux. L'élite littéraire, avec Chateaubriand et Alfred de Vigny, leur apporte parfois son appui ; ils ont même les sympathies de Balzac. Toutefois, leurs divisions persistent, qui sont parfois antérieures à 1830 comme la rivalité entre Villèle et Chateaubriand ; dans le Midi, les légitimistes s'allient aux républicains, surtout aux élections municipales à Marseille et à Toulouse ; d'autres, au contraire, se rallient sinon à Louis-Philippe, du moins au ministère conservateur. Les légitimistes se recrutent dans l'aristocratie et dans la grande propriété foncière, mais ils ont aussi des partisans dans la bourgeoisie catholique de Marseille, de Montpellier, de Lyon même ou des villes du Nord et dans les classes populaires, artisans[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Bordeaux

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