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LIONNI LEO (1910-1999)

Peintre et graphiste italo-américain. Léo Lionni est né à Amsterdam. Après des études en Italie, il émigre aux États-Unis en 1939 et devient citoyen américain en 1945. Mais il ne rompra jamais avec l'Italie où il meurt en 1999, à Radda, où il devient conseiller artistique de groupes industriels. Son premier album pour enfants, Petit-Bleu et Petit-Jaune (1959 ; éd. franç. 1970), est construit avec des taches de couleurs figurant les sentiments qui unissent deux enfants. Cette histoire, qui a d'abord suscité la controverse tellement l'abstraction semblait incongrue dans un livre s'adressant aux tout-petits, est devenue un classique apprécié pour le jeu avec les couleurs dansant sur la page. Avec ses créations suivantes, Lionni opte pour une technique qu'il n'abandonnera plus et qui détermine son style. Il utilise les papiers déchirés ou découpés dans des matériaux divers — papiers reliure, kraft, dentelle —, où les formes, très stylisées, sont rehaussées de couleur à la gouache, à la craie, à l'aquarelle, à l'impression sur verre, etc. Les histoires s'apparentent au genre de la fable et, quoique construites sur des thèmes graves (danger des jugements hâtifs, vertu du dialogue), ne sont jamais sentencieuses. Son bestiaire riche, où domine le personnage de la souris, évolue dans de grands espaces blancs qui mettent en valeur des décors et des personnages aux formes nettes. Le cadrage ménage les effets de surprise (Frédéric, 1967 ; éd. franç. 1975), tandis que l'expressivité des personnages est obtenue par le simple déplacement de la pupille sur un œil ou bien des morceaux de papier pour figurer les pattes : cette économie de moyens n'empêche pas l'efficacité de la narration visuelle où se déploie une mise en pages ingénieuse. Frédéric révèle la part essentielle de la poésie dans nos existences : en dépit de son oisiveté apparente contrastant avec l'activité de ses congénères en vue de l'hiver, c'est lui qui réussira à magnifier un quotidien devenu bien dur par son don de recréer pour les autres les couleurs et la lumière des beaux jours.

Cette histoire simple et intelligente encourage à tolérer les comportements marginaux susceptibles d'enrichir l'imaginaire collectif. Même esprit de solidarité dans Géraldine la souris-musique (1980), où l'héroïne, à court d'arguments pour garder son fromage, source d'émerveillement artistique, réussit à trouver en elle l'énergie de transformer sa propre queue en flûte... et partagera son fromage si convoité. Même énergie créatrice dans Tillie et le mur (1989) qui évoque la chute du Mur de Berlin. Lionni s'amuse à affubler ses animaux de prénoms d'enfant, ce qui rend plus forte l'affinité des animaux avec le monde des sentiments humains : ils ont les défauts de l'enfance mais aussi sa capacité d'agir, de s'interroger, de penser, de s'arrêter, de souffrir, de rêver et de repartir, une fois le problème réglé.

Une randonnée réussie dans le domaine aquatique (Pilotin, 1963) fait évoluer, dans des décors marins, poissons et flore aux tons translucides, protagonistes d'une fable sur l'union qui fait la force. La présence d'esprit du petit poisson pour trouver la parade à la cruauté des grands monstres marins ne l'empêche pas de tomber en arrêt devant une méduse violacée posée à pleine page : la contemplation du beau suspend le cours de l'action. L'art est le sujet du Rêve d'Albert (1991) où l'on assiste à l'éveil de la vocation de peintre du héros, vocation confortée par la rencontre avec l'âme sœur. Lionni a créé un style graphique qui s'appuie sur la technique du dessin d'animation (utilisation du gros plan, formes animales stylisées avec humour) mais en dépasse le côté mécanique[...]

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