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MALET LÉO (1909-1996)

Léo Malet - crédits : D. Bellon/ AKG-images

Léo Malet

Avec l'arrivée de Léo Malet, le roman policier français reçoit le même type de secousse que celle qu'enregistre le roman américain avec l'entrée en lice de Dashiell Hammett. Avec lui, le roman d'investigation hexagonal quitte ses faux cols pour se colleter avec de vrais durs. Il se met à exsuder la peur, tandis que Nestor Burma arpente les rues, pipe au bec et gouaille au vent, avec juste ce qu'il faut de cynisme à froid et d'humour de même teneur pour ne pas oublier les tons vert-de-gris de l'époque. Cela exhale des odeurs d'irrespect et d'insolence, abat des cartes narratives qu'on avait peu l'habitude de lire par chez nous, réveillant sans ambages un genre littéraire de son sommeil pour le plonger dans le réalisme cru des actes de tous les jours...

Surréalisme et noirs desseins

Né le 7 mars 1909 à Montpellier, d'un père employé de bureau et d'une mère couturière qui décèdent quatre ans plus tard, Léo Malet est élevé par son grand-père, un tonnelier passionné de littérature et admirateur de Jaurès. Après son certificat d'études, il travaille dans une banque, tout en vendant Le Libertaire, ce qui lui vaut d'être licencié. À seize ans, il quitte l'Hérault natal pour Paris où il est accueilli par l'anarchiste André Colomer, fondateur de L'Insurgé. C'est l'époque des vaches maigres et des petits boulots : manœuvre, « nègre » d'un maître chanteur analphabète, laveur de bouteilles, plâtrier, vendeur de journaux à la criée, etc. Léo Malet écrit aussi des textes poétiques qu'il envoie à André Breton.

Enthousiaste, celui-ci lui fait part de son désir de le rencontrer. Malet devient membre du groupe surréaliste et fréquente outre Breton, Bataille, Dalí et Magritte. Il publie des plaquettes de poèmes aux titres évocateurs (Ne pas voir plus loin que le bout de son sexe, J'arbre comme cadavre, Hurle à la vie...), adhère à la Fédération internationale de l'art révolutionnaire indépendant fondée par Trotski et Breton. Arrive la guerre. Prisonnier au stalag XB, il est libéré huit mois plus tard grâce à l'intervention du docteur Desmond, regagne la capitale, renoue avec la vache enragée mais aussi avec Jacques Prévert (qui l'avait fait figurer dans Le Quai des brumes) et Louis Chavance. Celui-ci, scénariste et directeur de collection, lui suggère d'écrire des romans policiers. Il s'attèle à la tâche, d'abord sous des pseudonymes et dans des décors inspirés du roman noir américain (Johnny Metal, 1941 ; La Mort de Jim Licking, 1942). Deux ans plus tard, il met bas les masques en même temps qu'il laisse derrière lui les conventions romanesques d'un genre qui, à de rares exceptions près, se traîne à la remorque du Whodunit, le roman à énigme anglais. Après un refus et deux changements de titres, 120, rue de la Gare paraît en novembre 1943, plaçant sous les feux des projecteurs son détective de choc, Nestor Burma. Entre cette date et 1949 vont paraître sept enquêtes de ce privé à la française mais également d'autres romans où il ne figure pas, notamment, les deux premiers volets d'un fort sombre triptyque (La vie est dégueulasse, 1948, Le soleil n'est pas pour nous, 1949) complété vingt ans plus tard par un troisième titre (Sueur aux tripes, 1969).

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Léo Malet - crédits : D. Bellon/ AKG-images

Léo Malet

Autres références

  • POLICIER ROMAN

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    • 16 394 mots
    • 14 médias
    ...influencer beaucoup de romanciers français et, plus tard, les générations des années 1970-1980. Mais les vrais pères du « néo-polar » sont sans aucun doute Léo Malet (1909-1996) et Frédéric Dard (1921-2000). Ancien surréaliste, Malet, en 1941, avait commencé à écrire, sous pseudonymes américains, des récits...