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BLUM LÉON (1872-1950)

Le sage et le recours

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Léon Blum est redevenu simple chef d'un parti, en perte de vitesse, déchiré par le problème du pacifisme. Il se situe parmi ceux qui veulent « résister », sans exclusives, mais sans concessions. Très meurtri par la défaite de juin 1940, il est à l'avance condamné par les dirigeants de Vichy, régime qui se veut la « revanche » sur le Front populaire.

Dès septembre 1940, l'État français le fait interner ; en février 1942, le procès de Riom donne l'occasion au vieil homme, malade mais décidé, de présenter la défense de la République, du Front populaire, et d'exprimer sa foi dans la destinée de la France, terre de liberté et de justice depuis la Révolution française. Désormais, il est le guide spirituel des socialistes français entrés dans la Résistance. Dans une œuvre écrite en prison, en 1941-1942, À l'échelle humaine, Blum réfléchit sur les causes véritables de la défaite française. Condamnation sévère de la faillite des classes dirigeantes, incapables de mener la rénovation du pays, c'est une claire évaluation des futurs rapports de forces mondiaux ; c'est aussi une présentation des réformes politiques et sociales nécessaires pour la modernisation de la France. Prisonnier de Vichy, livré par Laval aux Allemands en avril 1943, Blum est déporté à Buchenwald, dans une petite maison en lisière du camp où il est détenu avec Georges Mandel. Pendant toute sa captivité, « le vieux sage qui n'a plus à donner que sa vie, son expérience, ses méditations forcées » continue à raisonner sur la vie politique future, sur la liberté, sur la nation, sur le communisme, tout en faisant passer clandestinement à ses camarades socialistes ses conseils de lutte active. En 1945, Blum et sa femme Jeanne, qui l'a rejoint à Buchenwald, échappent à la mort par miracle. C'est un homme usé par quatre années de détention qui rentre en France en mai 1945.

Ce « vieillard » n'a rien d'un retraité. Il reste le théoricien d'un socialisme humaniste et devient le recours de la IVe République naissante : en mars 1946, il conduit une délégation française envoyée à Washington pour négocier un gros emprunt auprès des Américains ; la même année, chef de la délégation française, il est élu président de la conférence constitutive de l'UNESCO. En décembre 1946, il est président du Conseil pour la troisième fois, président du dernier gouvernement provisoire, alors que commence la guerre d'Indochine. Dans l'atmosphère de croisade et de fanatisme de la guerre froide à ses débuts, Blum continue de mener un combat politique au quotidien (contre le gaullisme, contre le stalinisme) et une réflexion en profondeur sur la démocratie, le socialisme, sur les nécessités de la décolonisation. Pour beaucoup, il est encore une conscience. Le 30 mars 1950, il meurt d'un infarctus.

Avant tout, Léon Blum avait foi dans l'homme. Il conclut À l'échelle humaine par ces mots : « L'homme n'a pas deux âmes différentes, l'une pour chanter et chercher, l'autre pour agir ; l'une pour sentir la beauté et comprendre la vérité, l'autre pour sentir la fraternité et comprendre la justice. Quiconque envisage cette perspective se sent animé d'un invincible espoir. »

— René GIRAULT

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Médias

Le Front populaire - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Front populaire

Léon Blum - crédits : Gamma-Keystone/ Getty Images

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