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BONNAT LÉON (1833-1922)

Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Originaire de Bayonne, Bonnat fait ses études de peintre à Madrid où sa famille est installée, et c'est à l'Académie San Fernando qu'il est l'élève de Federico de Madrazo. Bonnat est en contact direct avec la peinture réaliste espagnole, à une époque où des peintres comme Manet, Carolus-Duran, Ribot tournent leurs regards vers Ribera ou Velázquez. Il en gardera, outre un sens profond du naturalisme, le goût des ombres et une certaine fougue de la pâte. À Paris, il travaille dans l'atelier du peintre d'histoire Léon Cogniet, expose des portraits au Salon de 1857 et gagne un second prix de Rome qui lui vaut de partir pour l'Italie. Bonnat se veut peintre d'histoire, et ses envois sont surtout consacrés à des sujets religieux : ils témoignent d'une certaine grandeur espagnole au modelé énergique et à la touche rapide (Saint Vincent de Paul prenant la place d'un galérien, église Saint-Nicolas-des-Champs, Paris). Mais lorsqu'il expose en 1877 le Portrait d'Adolphe Thiers, le succès est tel qu'il se consacre à la peinture officielle et devient le portraitiste de la IIIe République. Personnel politique et haute société se pressent dans son atelier : de Victor Hugo à Renan et du cardinal Lavigerie à Armand Fallières.

La technique habile et méticuleuse de Bonnat peut rivaliser avec le réalisme de la photographie. Sa touche est ferme, riche en matière, mais l'éclairage usant trop des contrastes du blanc et du noir donne souvent un teint terreux à ses personnages. Empreinte du « matériel pesant de la chair et de la vêture » (Henri Focillon), c'est une peinture sans problème pour une société bourgeoise qui n'a pas voulu s'en poser. Comme Carolus-Duran ou Detaille que l'on reconsidère aujourd'hui avec une méthode plus critique et moins partisane, Bonnat offre l'exemple de l'artiste triomphant dans la société. Sa carrière est brillante : commandeur de la Légion d'honneur, membre de l'Institut, directeur de l'École des beaux-arts, président du Conseil des musées. Le tout-puissant qu'il est devenu ne semble pas avoir été un professeur pesant et sectaire, et Dufy ou Friesz se souviendront d'avoir été ses élèves. Outre les portraits et les fonctions, Bonnat se voit aussi confier d'importantes commandes pour les grands bâtiments de la République : décorations murales au Panthéon, plafonds à l'Hôtel de Ville et au Palais de Justice de Paris, ainsi que des peintures pour de nombreuses églises. Devenu très riche, il a pu constituer une collection selon les goûts encyclopédiques de l'époque ; elle comprenait en particulier un très beau fonds de dessins italiens, hollandais et français, des peintures de Greco, de Goya et d'Ingres, des bronzes, des antiquités gréco-romaines qui ont été installés à Bayonne dans un musée qui porte son nom.

— Jean-Pierre MOUILLESEAUX

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Écrit par

  • : historien de l'art, chargé de mission à la Caisse nationale des monuments historiques et des sites

Classification

Média

Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Autres références

  • EAKINS THOMAS (1844-1916)

    • Écrit par
    • 1 439 mots
    • 1 média
    Après deux années et demie passées chez Gérôme, Eakins resta six mois dans l'atelier indépendant d'un ami de celui-ci,Bonnat. Formé à Madrid, Bonnat était un réaliste qui admirait et imitait Velázquez et Ribera. Au moment du séjour d'Eakins, il n'avait pas encore acquis sa renommée de portraitiste...