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DE GREIFF LEÓN (1895-1976)

D'ascendance suédoise et allemande, Léon de Greiff naquit à Medellín, en Colombie. Après des études à l'École des mines de l'université d'Antioquía, il travaille à la Banque centrale de Bogotá jusqu'en 1925. L'expérience qu'il vécut en 1926-1927 dans la région de Bolombolo, employé à la construction du Chemin de fer d'Occident, stimule fortement son inspiration. De 1927 à 1931 sa carrière se poursuit à la Direction générale des routes, puis, de 1931 à 1945, au conseil d'administration des Chemins de fer nationaux, avant qu'il soit nommé au ministère de l'Éducation. Ensuite il séjourna en Suède comme représentant diplomatique de son pays. Jusqu'à la fin de son existence il resta, dans la littérature ou dans la vie, ce qu'il avait toujours été : une sorte d'enfant terrible, capricieux et fantasque. Mais, par son esprit d'indépendance et de liberté, il s'était gagné l'affection du peuple colombien.

Disciple des symbolistes, León de Greiff admirait surtout Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Laforgue, Tristan Corbière et Isidore Ducasse. Il fut avec Porfirio Barba Jacob (pseudonyme de Miguel Ángel Osorio, 1883-1942) la grande figure poétique du postmodernisme en Colombie. Groupés autour de la revue Los Nuevos, ses amis écrivains le vénéraient comme un prophète. Ses démêlés avec les poètes dits piedracielistas, admirateurs de Juan Ramón Jiménez, sont restés fameux. Quant à son propre univers poétique, il est des plus originaux. Certes, on y trouve une note romantique, et aussi des accents de tendresse que rien n'éteindra. Mais virtuose de la parole, dont il tire des effets magiques, enclin à expérimenter la sensation dans ses variétés les plus rares, Léon de Greiff aimait surtout les explorations dans les domaines du langage où le rythme se fond dans l'imaginaire, où le vocabulaire s'invente. Il cherche des mots désuets, inconnus, s'adonne avec délices à une jonglerie verbale qui masque son angoisse. Ou encore il donne à sa phrase un sens ésotérique, à base d'allusions esthétiques, philosophiques, étymologiques. Ou bien encore il démantèle, par jeu, la syntaxe. Par moments il est proche du dadaïsme, de l'ultraïsme, du surréalisme. Ses cadences et ses mélodies s'apparentent plus aux formes musicales qu'aux rythmes littéraires traditionnels. Mais ces innovations n'allaient pas sans provocation ni sans humour.

De son œuvre abondante on retiendra surtout : Tergiversaciones (1925), Libro de los signos, 1930 (Livre des signes), Variaciones alrededor de nada, 1936 (Variations autour de rien), Prosas de Gaspar, 1937 (Proses de Gaspar), Farsa de los pingüinos peripatéticos, 1942 (Farce des pingouins péripatéticiens), Fárrago, 1954 (Fatras), Nova et vetera (1974).

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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