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LÉON Ier LE GRAND saint (mort en 461) pape (440-461)

Archidiacre de l'Église de Rome, Léon, à la mort du pape Sixte III (19 août 440), était en Gaule, chargé d'une mission politique délicate. Quoique absent, il est élu pape ; une délégation officielle va le chercher et il est ordonné à son retour (29 sept. 440). On a conservé le court sermon qu'il prononça à cette occasion (Serm., I). On ne sait presque rien de sa vie avant son pontificat ; et de ses vingt ans de règne on ne connaît que son activité pastorale et théologique. À la différence de Grégoire le Grand, il est avare de confidences sur sa vie personnelle.

Sa sollicitude pastorale s'étend aux « trois zones de la potestas papale » (Batiffol). À Rome d'abord et en Italie « suburbicaire », il réprime la secte des manichéens, rappelle aux évêques les conditions d'admission à l'épiscopat ou la date du baptême (Pâques ou Pentecôte), ou encore leur obligation d'assister chaque année au synode de Rome. Ensuite, en Espagne ou en Gaule, il invite l'évêque d'Astorga en Galice à réunir un concile contre les priscillianistes, ou rappelle à Hilaire d'Arles qu'il n'a pas à s'arroger une suprématie sur les évêques de Gaule. Il reste en rapport avec les Églises d'Afrique, ravagées par la persécution vandale.

En Orient, enfin, il exerce sa juridiction sur l'Illyricum (les régions balkaniques) par l'intermédiaire de l'évêque de Thessalonique, dont il a fait son vicaire. Surtout, il intervient de façon décisive dans les troubles qui agitent l'Orient à la suite de l'enseignement d'Eutychès, qui ne veut voir dans le Christ qu'une seule nature, la divine (monophysisme). Il adresse à Flavien de Constantinople une lettre (le « Tome », Ep., XXVIII) qui expose avec netteté et fermeté le dogme des deux natures dans l'unique personne du Christ. Après l'échec du concile convoqué par Théodose II (le « brigandage » d'Éphèse, 449), Léon, d'accord avec le nouvel empereur Marcien, sait imposer au concile de Chalcédoine l'autorité de sa lettre à Flavien, que les évêques acceptent avec enthousiasme (« Pierre a parlé par Léon ! ») et qui sert de base à la définition du 22 octobre 451. Mais Léon refuse absolument d'approuver le « 28e canon » du concile, qui accorde au siège de Constantinople, la « nouvelle Rome », la primauté sur les autres sièges patriarcaux d'Orient et voudrait faire de cette ville l'égale de la « vieille Rome ». L'accord entre Orient et Occident est déjà bien compromis. La tension aboutira un jour à la séparation.

En 452, Léon rencontre, près de Mantoue, Attila, qui se préparait à marcher sur Rome, et il le persuade de se retirer et d'évacuer l'Italie. En 455, cependant, il ne peut empêcher Genséric et ses Vandales de piller Rome pendant quinze jours, mais il obtient qu'ils s'abstiennent d'incendies, de violences, de meurtres. Léon mourut le 10 novembre 461. Il fut enseveli sous le portique de la basilique Vaticane.

Les œuvres de Léon sont encore des actes du pasteur et du docteur. Ses cent soixante-treize Lettres sont autant de documents qui illustrent la vie de l'Église et le gouvernement du pontife. Léon est le premier pape, et le seul avant Grégoire le Grand, dont nous ayons conservé des Sermons. Il en reste quatre-vingt-seize, généralement assez courts, qui ont été prêchés au long de l'année liturgique. Dans une langue sobre et dense, simple et majestueuse, ils exposent les mystères du Christ, présents à nouveau dans le mystère de la fête liturgique, exhortent au jeûne et à l'aumône, prêchent le dogme de l'Incarnation tel qu'il sera défini à Chalcédoine (voir les sermons de Noël, XXI et suivants). Les sermons que Léon prononça à l'occasion de l'anniversaire de son ordination (I-V) exposent la conception qu'il se fait de son[...]

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