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LEVAVASSEUR LÉON (1863-1922)

Article modifié le

Léon Levavasseur - crédits : Tallandier/ Bridgeman Images

Léon Levavasseur

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Ingénieur français, Léon Levavasseur a été un pionnier de la construction aéronautique avec ses célèbres moteurs Antoinette et ses avions révolutionnaires. Il a également développé des canots de course rapides.

Un passionné de moteurs

Léon Levavasseur est né au Mesnil-au-Val, dans la Manche, le 7 décembre 1863. Après des études classiques à Rochefort et à Angoulême, il se destine à l’École des beaux-arts et à Polytechnique. Toutefois, les évolutions sur la Seine d’un canot équipé d’un moteur Daimler déclenchent son vif intérêt pour la mécanique et décident de la vocation de ce fils d’officier de marine. Il a alors vingt-quatre ans et se passionne pour les moteurs à combustion interne, ainsi en 1889 lors de l’Exposition universelle de Paris où il peut observer le nouveau moteur Daimler mais aussi le premier moteur monocylindre à pétrole léger, conçu par la société De Dion-Bouton.

Léon Levavasseur progresse si rapidement en ce domaine qu’il devient, en 1891, ingénieur en chef de l’entreprise Patin, spécialisée dans la production de matériel électrique, où il met au point des équipements électriques ingénieux. Parallèlement, il s’intéresse aux travaux de Fernand Forest et aux efforts déployés par des firmes comme Chénu, Rossel-Peugeot ou Clément-Bayard en vue d’adapter des moteurs automobiles à la propulsion de dirigeables. Le poids étant l’obstacle majeur, Léon Levavasseur conçoit des moteurs légers à essence de moins de 100 kilos, qu’il expérimente sur des canots. Il affine ses recherches, en 1897, à l’occasion de visites à l’Office des brevets où il prend connaissance des travaux de Clément Ader sur les moteurs en V – moteurs à pistons dont les cylindres sont disposés longitudinalement sur deux bancs séparés, reliés en leur base et inclinés selon un angle de 15 à 1350, formant ainsi un V si on regarde ces moteurs de face.

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Si l’on sait concevoir à cette époque les organes principaux d’un aéroplane et définir les principes de vol, le bât blesse toujours quant à la propulsion, pour des raisons de poids et de puissance, un défi que relève Levavasseur. Il se laisse en effet entraîner dans le domaine de l’aviation par le riche industriel Jules Gastambide, un fervent supporteur du plus lourd que l’air, qui investit des fonds importants dans cette aventure.

Le 28 août 1902, Léon Levavasseur dépose, sous le no 333.068, un brevet concernant « un moteur de huit cylindres décalés deux à deux à 90 degrés, actionnant un arbre à quatre manivelles, produisant un couple aussi constant que possible ». Avec l’assistance du mécanicien Eugène Welféringer, de trois de ses frères et de son beau-frère Charles Wachter, il se lance dans la réalisation de ce moteur de 157 kilogrammes, qui développe 80 chevaux, et en achève l’assemblage en mai 1903, avant de le baptiser « Antoinette », prénom de la fille de son associé, Jules Gastambide. Si les pistons sont encore en fonte, les culasses, elles, sont en aluminium, et un circuit d’eau en laiton est installé autour des cylindres pour le refroidissement. Le poids de cet ensemble ingénieux ne tarde pas à être ramené à 145 kilogrammes.

À l’époque, Levavasseur fait également breveter un système d’allumage original et un autre de carburation par injection directe de l’essence dans les cylindres. Un planeur monoplan Ferber est la première machine volante à accueillir le moteur de Levavasseur. Au cours de l’été de 1903, cet appareil construit à Suresnes, après avoir bénéficié d’une subvention du ministère de la Guerre, est démonté le 13 juillet 1903 et acheminé par la route à Villotran, dans l’Oise, où la famille Mellon, amie de Gastambide, met sa vaste propriété à disposition pour les essais. Piloté par Charles Wachter au cours d’essais réalisés en août 1903, ce monoplan ne réussit pas à s’arracher de ses rails. En septembre, après un semblant d’envol, il se brise.

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Les moteurs Antoinette, qui développeront jusqu’à 200 chevaux de puissance, vont ensuite équiper des canots de course ;l’un d’eux, piloté par Hubert Latham, bat nombre de records du monde au meeting de Monaco, en avril 1905. Puis Levavasseur s’attache à produire un petit moteur de 25 chevaux, toujours un huit-cylindres, et un modèle de 50 chevaux, qui vont faire les beaux jours de l’aviation française. C’est avec des avions équipés de moteurs Antoinette que la plupart des grands pionniers réussissent leurs premiers exploits : Santos-Dumont, avec ses vols des 23 octobre et 12 novembre 1906, réalisés à bord de son 14-bis et qualifiés d’historiques car ce sont les premiers records mondiaux officiellement enregistrés par la Fédération aéronautique internationale (FAI) ; Henry Farman qui, le 13 janvier 1908, aux commandes d’un Voisin, remporte le prix Deutsch-Archdeacon en réussissant, à Issy-les-Moulineaux, le premier vol officiel en circuit fermé (en 1 min 26 s) ; Louis Blériot, le 31 octobre 1908, pour son voyage de quelque 26 kilomètres entre Toury (Eure-et-Loir) et Artenay (Loiret), et retour, avec son Blériot-VIII. On peut également mentionner les premiers vols des machines à voilure tournante grâce à un moteur de Levavasseur, à savoir le Gyroplane Breguet-Richet n° 1 de Louis Breguet, mû par un moteur de 45 chevaux, le 24 août 1907, et l’hélicoptère de Paul Cornu qui, le 13 novembre 1907, avec son moteur de 24 chevaux, effectue ce que l’on considère comme le premier vol libre officiel d’un tel engin.

Fort de ces succès, Levavasseur revient à la construction d’avions et conçoit un nouveau monoplan, l’Antoinette-IV, révélation du Salon de la locomotion aérienne de 1908, aux commandes duquel Hubert Latham enchaînera en 1909, près de Châlons, une série de vols remarquables, avant d’échouer dans ses deux tentatives de traversée de la Manche.

Lorsque Latham monte jusqu’à 1 384 mètres d’altitude et établit un nouveau record du monde dans cette spécialité, Levavasseur, interrogé sur l’intérêt de cette performance, se fait aussi catégorique que visionnaire : « L’aviation, explique-t-il, doit conquérir les hautes sphères. » Et de préciser : « Il faudra voler à 8 000, 10 000, peut-être 12 000 mètres pour atteindre des vitesses de 500 et de 800 km/h. » Conscient qu’un homme ne pouvait résister à de telles altitudes, l’ingénieur envisage la mise au point d’un avion téléguidé.

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La société Antoinette ne manque pas d’initiatives heureuses, notamment à Mourmelon où elle construit le « tonneau Antoinette », l’ancêtre des simulateurs de vol pour l’entraînement au sol des pilotes.

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Écrit par

  • : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace

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Média

Léon Levavasseur - crédits : Tallandier/ Bridgeman Images

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  • AVIATION - Histoire de l'aviation

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    ...Italie, Esnault-Pelterie en France, Drzewiecki en Pologne. La grande difficulté est de trouver un moteur léger et puissant. C'est un Français, Levavasseur, qui y parvient le premier avec le moteur «  Antoinette », mais c'est un Brésilien, Alberto Santos-Dumont, qui va inscrire – avec...

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