LEVAVASSEUR LÉON (1863-1922)

Un homme visionnaire

Mais le déclin ne tarde pas à frapper l’entreprise, en dépit de son esprit d’innovation, dont le dernier modèle, un triplace dit « monobloc » de 16 mètres d’envergure, à aile épaisse, à moteur et à fuselage carénés, ne rencontre pas le succès escompté à l’occasion du concours d’appareils militaires, à Mourmelon, en septembre 1911. En effet, le nouveau moteur V8 Antoinette de 60 chevaux qui équipe l’appareil n’est pas assez puissant au regard du poids de celui-ci (850 kg à vide et 1 250 kg à pleine charge) : le triplace ne peut accomplir que des sauts de puce peu convaincants. Levavasseur sait qu’il aurait dû installer des V16 de 100 ou 190 chevaux, mais l’espace prévu pour la motorisation était trop réduit pour ce faire. Très différent – trop, peut-être – des neuf autres modèles produits jusque-là, le monobloc souffre aussi d’être en avance sur son temps. La firme sort affaiblie par ce revers dont elle ne se remettra jamais.

Dix ans plus tard, Levavasseur, toujours soutenu par la famille Gastambide, espère renouer avec le succès grâce à un avion de 12,50 mètres d’envergure, doté d’un moteur Salmson de 250 chevaux et d’une voilure à surface variable. Cet essai du constructeur est un échec, une fois de plus en raison de son caractère révolutionnaire pour l’époque. Les efforts de Gastambide pour vendre des monoplans en Angleterre ne sauvent pas l’entreprise, déjà ébranlée par l’absence de commandes militaires et la mise sur le marché d’un moteur concurrent, le Gnome de 50 chevaux, plus compétitif que le moteur Antoinette de 60 chevaux. Amer et malade, Léon Levavasseur meurt le 23 février 1922, à Puteaux, à l’âge de cinquante-huit ans, pratiquement dans le dénuement.