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FARGUE LÉON-PAUL (1876-1947)

Aussi parisien que Baudelaire et, la plupart du temps, aussi désargenté, mais moins pathétique et pas du tout dandy ; aussi difficile que Mallarmé quant à l'utilisation du vocabulaire, aussi convaincu de la supériorité de la poésie, toutefois moins ambitieux de pensée, mais plus communicatif, plus attiré par le tumulte des sentiments, que l'auteur du Coup de dés jugeait indiscrets ; aussi déchiré, aussi vagabond que Verlaine, mais moins dissolu, Léon-Paul Fargue est de la même race que ses trois grands devanciers et doit être placé sur le même rang. Du premier, il tenait le goût des marches solitaires dans les plis sinueux des vieilles capitales. Comme Mallarmé, il partait de ce principe qu'il faut « parler autrement que les journaux » et entendait se présenter, dans le moindre texte, lavé de toute banalité. Enfin, semblable en cela à Verlaine, qu'il connut également, il était sensible à « l'inflexion des voix chères qui se sont tues » et se demandait souvent ce qu'il avait fait de sa jeunesse.

Son originalité fut d'apporter des valeurs poétiques nouvelles en certains aspects de la durée infinie : la rêverie, la couleur, le souvenir, les règnes, les bruits de la terre et la solitude de l'homme devant le destin. D'offrir en même temps au vers et à la phrase une saveur à laquelle on goûtait pour la première fois, aux analogies et métaphores un agrément, mais surtout une vérité, et comme une nécessité sans exemple littéraire, du moins de cette qualité. De plus, et cela compte particulièrement dans son cas, il était « tel sur le papier qu'à la bouche », si bien que ses propos non moins que ses œuvres provoquèrent, dès ses débuts, l'enthousiasme des plus exigeants.

Un fantaisiste sérieux

Léon-Paul Fargue est né à Paris, de Marie Aussudre et de Léon Fargue, ingénieur, qui ne devait le reconnaître que seize ans plus tard ; ce dont il souffrira sa vie durant. Presque toutes ses démarches seront guidées du subconscient par cette frustration, qui fournira la matière de maint récit. Mais il n'oubliera pas non plus ce que son père, instruit de tout et tendre, lui fit visiter, écouter et feuilleter. D'abord placé à l'institution de jeunes gens de la rue Montaigne, il fit ses études au collège Rollin, dont le professeur d'anglais était précisément Mallarmé, puis au lycée Janson de Sailly, où enseignait le pittoresque Émile Faguet. Bachelier ès lettres, mais ne sachant encore s'il choisirait de continuer ses études, de peindre ou de versifier, Fargue commença par se plonger en d'immenses lectures d'où il émergea pourvu d'une mémoire extraordinairement riche et d'un esprit d'observation d'une grande justesse et d'une drôlerie qui souvent stupéfiait autant qu'elle amusait. À vingt ans, il était déjà en relations parfois très amicales avec Claudel, Valéry et Gide, Debussy, Florent Schmitt, Henri de Régnier, Albert Thibaudet, Pierre Bonnard, Maurice Denis. Dès ce moment, en compagnie d'Alfred Jarry, son ancien condisciple, il vit autant la nuit que le jour. Tous deux s'éprennent à l'envi des merveilles de la belle époque, à commencer par la tour Eiffel, à continuer par les fiacres et le métro ; ensemble ils exploitent les trésors du verbe et s'entichent de haute caricature littéraire. En 1907, Jarry meurt à trente-quatre ans, sans avoir pu réaliser toutes ses immenses promesses satiriques. Demeuré seul, Fargue fait son entrée dans le monde en fantaisiste sérieux et entreprend ses fameuses pérégrinations dans les milieux les plus étrangers les uns aux autres. Tancrède, le premier texte signé de lui, paraît dans la revue Pan en 1895, en volume en 1911. Poèmes et Pour la Musique (1912) font sa réputation d'écrivain. En 1924, il devient directeur de la revue Commerce ; en 1932, le[...]

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  • COMMERCE, revue littéraire

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    La revue Commerce, « Cahiers trimestriels publiés par les soins de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue, Valery Larbaud », donna vingt-neuf livraisons, de 1924 à 1932. Cette revue littéraire naît à l'ombre de la princesse de Bassiano et de ses proches. Outre les trois « phares » susnommés, ...