ROSENFELD LÉON (1904-1974)
Physicien belge, spécialiste de la mécanique quantique. Après avoir terminé ses études de physique théorique à l'université de Liège et obtenu le titre de docteur en sciences physiques et mathématiques de cette même université (1926), Rosenfeld complète sa formation dans plusieurs centres européens réputés. Grâce à une bourse du gouvernement belge, il travaille à l'École normale supérieure de Paris (1926-1927), sous la direction de Louis de Broglie, de Léon Brillouin et de Paul Langevin, sur la nouvelle mécanique ondulatoire et la théorie des électrons ; de 1927 à 1929, il se rend à Göttingen, où il travaille sous la direction de Max Born, dont il devient l'assistant personnel (1928) et ensuite (1929-1930) à l'École polytechnique fédérale de Zurich, chez Wolfgang Pauli, où il participe à l'élaboration, avec Pauli et Heisenberg, de l'électrodynamique quantique.
Après un court séjour à Princeton (1939), il est appelé à l'université d'Utrecht comme professeur de physique théorique et de mécanique, et y enseigne jusqu'en 1947, époque à laquelle il est nommé professeur de physique et chef de département à l'université de Manchester. En 1958, il gagne Copenhague comme professeur au nouvel institut Nordita (Nordisk Institut for Teoretisk Atomfysik) où il travaille en collaboration très étroite avec l'Institut Niels Bohr sur les conséquences épistémologiques de la mécanique quantique, le principe de la complémentarité, les incertitudes et les limitations de la nouvelle mécanique, sujets qui intéressent beaucoup Bohr. Cette collaboration a commencé en 1930 (Bohr avait demandé à Rosenfeld d'être son assistant), s'est poursuivie activement jusqu'à la mort de Bohr (1962). Les résultats de cette collaboration sont considérables pour l'interprétation de la mécanique quantique en termes de probabilités statistiques, suivant le traitement élaboré par Max Born ; c'est l'interprétation orthodoxe dite « de Copenhague » de cette mécanique, dont Rosenfeld a été l'un des plus ardents défenseurs.
Ses travaux sur la théorie quantique des champs et du rayonnement ont exercé une grande influence, ainsi que sa contribution à la théorie de la relativité (tenseur impulsion-énergie, équations d'Einstein...). Beaucoup plus connus encore sont ses travaux sur la théorie des forces nucléaires et des réactions nucléaires.
En astrophysique, ses travaux et ceux de son épouse portent sur l'abondance des molécules dans les étoiles. Vers 1972, Rosenfeld revient à la mécanique statistique et, avec Ilya Prigogine, il publie plusieurs travaux sur l'évolution dans le temps des systèmes quantiques macroscopiques.
Pendant les dernières années de sa vie, il se fixe comme objectif principal la publication des œuvres complètes de Niels Bohr.
Très intéressé par l'histoire des sciences, il a aussi écrit de nombreux articles de contenu social ou historique et des analyses de l'œuvre de plusieurs penseurs tels Descartes et Newton, L. de Broglie et W. Heisenberg ou N. Oresme et Condillac.
De 1956 à sa mort, il édite le plus important journal européen de physique nucléaire, Nuclear Physics, qui a joué un rôle important dans le développement de la physique nucléaire et de la physique des particules élémentaires en Europe.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Georges KAYAS : maître de recherche au CNRS, physique corpusculaire
Classification