TEISSERENC DE BORT LÉON (1855-1913)

Léon Teisserenc de Bort est un météorologue français, né à Paris le 5 novembre 1855 et mort à Cannes le 2 janvier 1913. Son nom reste dans l'histoire de la météorologie grâce à ses travaux sur la haute atmosphère, la stratosphère. Cependant, ses études sur les variations physiques et dynamiques de la basse atmosphère ont été déterminantes car il avait compris que leur compréhension était la base de la prévision météorologique.

D'une santé délicate dans son enfance, Teisserenc de Bort est instruit par un précepteur qui lui donne le goût des sciences. À vingt-trois ans, il entre au Bureau central météorologique (B.C.M.) qui vient d'être créé ; il en devient le chef deux ans plus tard (1880) et le restera jusqu'en 1992. Pendant ces années-là, Teisserenc de Bort note la distribution relative des températures et des pressions moyennes de l'air. Il remarque que les lignes isobares se groupent autour de centres de hautes ou de basses pressions bien définis, en nombre limité dans les deux hémisphères. Il remarque que les aires de basses pressions correspondent aux régions où la température est supérieure à la moyenne, alors que les hautes pressions affichent des valeurs plus basses de la température. De plus, il note que les vents soufflent des zones de hautes pressions vers les zones de basses pressions.

Teisserenc de Bort tente de généraliser ses observations à plus grande échelle. Il montre que les maxima et les minima barométriques – les « centres d'action » comme il les appelle si justement (aujourd'hui dénommés anticyclones et dépressions) – oscillent autour de positions moyennes, se déplacent lentement d'une saison à l'autre, et que les combinaisons de leurs positions relatives constituent des types de temps météorologiques. Connaître et prévoir ses combinaisons est la clé des débuts de la prévision météorologique.

Mais Teisserenc de Bort comprend que la prévision météorologique doit prendre en compte de nombreux paramètres (les différences d'action entre reliefs et plaines, entre océans et continents...), et, surtout, qu'elle doit intégrer la dimension verticale de l'atmosphère. Il quitte le B.C.M. en 1992 pour fonder, avec sa fortune personnelle, l'observatoire de Trappes afin de poursuivre ses propres travaux. Commence alors l'exploration de la haute atmosphère, à l’aide d’abord de cerfs-volants équipés d’appareils de mesure (température, humidité, pression), puis, à partir de 1898, de ballons de 3 à 8 mètres de diamètre, gonflés à l'hydrogène et munis de parachutes. C'est ainsi que Teisserenc de Bort fixa les premières lois de la variation de la température avec l'altitude, la vitesse et la direction des courants aériens de haute altitude, selon les situations atmosphériques. Et surtout, toutes ces mesures ont révélé un fait inattendu : la température de l'air décroît jusqu'à une certaine altitude (la troposphère), puis se maintient jusqu'aux plus hautes altitudes atteintes par les instruments de Teisserenc de Bort. Celui-ci lui a donné à cette région de la haute atmosphère le nom de zone isotherme, puis de stratosphère.

Bien d'autres résultats sont dus à Teisserenc de Bort. Il les fit paraître de 1898 à 1900 dans un ouvrage majeur intitulé Bases de la météorologie dynamique, encore entre les mains de tous les météorologistes. Après sa mort, selon son vœu, le site de Trappes et ses installations devinrent propriété de l'État. Le laboratoire de Trappes s'est par la suite spécialisé dans la recherche et l'élaboration des instruments météorologiques ; le musée de la météorologie y porte le nom de Teisserenc de Bort.

— Yves GAUTIER