LÉON XIII (1810-1903) pape (1878-1903)
Le continuateur de Pie IX
Le cardinal Pecci, qui avait été nommé camerlingue en 1877, après la disparition de son adversaire G. Antonelli, fut élu pape le 20 février 1878, après un bref conclave où ses partisans furent d'abord quelques cardinaux italiens désireux de réagir contre l'intransigeance de Pie IX, puis la grande majorité des cardinaux étrangers. Mais son pontificat n'en fut pas pour autant une rupture avec l'action de son prédécesseur.
Esprit habile à concevoir de grands desseins, mais ne se préoccupant pas suffisamment des modalités d'exécution, homme doué d'une intelligence supérieure, possédant un tempérament de chef, avec la netteté de vue, la maîtrise de soi et le sens du possible, tel apparaît le nouveau pape.
Dans la « question romaine », bien qu'il se fût montré conciliant pendant les dix premières années, Léon XIII demeura intraitable sur le principe même de la souveraineté temporelle du pape ; et lorsqu'il se rendit compte, à partir de 1887, de l'impossibilité d'arriver à un accord satisfaisant par des négociations directes avec l'Italie, il tenta de nouveau, en vain d'ailleurs, d'internationaliser la question, mettant ses espoirs dans l'Allemagne, puis dans la France. En ce qui concerne les relations entre l' Église et l'État, tout comme Pie IX, Léon XIII réagit vigoureusement contre le libéralisme laïciste et contre la franc-maçonnerie ; certaines de ses encycliques exposent magistralement la doctrine traditionnelle de l'État chrétien (Diuturnum illud, 1881, sur l'origine du pouvoir dans la société ; Immortale Dei, 1885, sur l'organisation chrétienne de l'État ; Libertas praestantissimum, 1888, sur les libertés civiles et politiques ; Sapientiae christianae, 1890, sur les devoirs des citoyens envers l'État). S'il reconnaît l'impossibilité d'en revenir aux modalités concrètes de l'ancien régime et prône la concorde entre l'Église et l'État dans le cadre des institutions nouvelles, il n'hésite pas cependant à se référer à diverses reprises au Syllabus.
Dans le domaine ecclésiastique, la centralisation romaine, fruit d'un demi-siècle d'ultramontanisme couronné par le Ierconcile du Vatican, fut encore accentuée : instructions plus fréquentes aux épiscopats nationaux ; interventions directes du Saint-Siège dans les conflits politico-religieux de plusieurs pays ; renforcement du pouvoir des nonces, considérés désormais comme des agents diplomatiques auprès des gouvernements et les représentants du pape auprès des évêques. D'autre part, comme Pie IX, Léon XIII encourage la dévotion au Sacré Cœur (consécration de l'humanité lors de l'année jubilaire 1900) et à la Sainte Vierge (neuf encycliques, spécialement sur le rosaire) ; il condamne le rationalisme et s'emploie avec vigueur à remettre en honneur la philosophie scolastique (encyclique Aeterni Patris, 1879 ; fondation de l'académie Saint-Thomas ; nouvelle édition des œuvres de Thomas d'Aquin).
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Écrit par
- Roger AUBERT : professeur à l'université de Louvain
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