LÉONARD DE VINCI (exposition)
Interroger le monde
L’exposition a pu ainsi permettre un regard renouvelé sur les tableaux parisiens, La Vierge aux rochers, le Portrait d’une dame de la cour de Milan, dit à tort La Belle Ferronnière, Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus, cette dernière œuvre s’inscrivant comme le Saint Jean-Baptiste dans la fin de la carrière de l’artiste. Sans parler de La Joconde, que l’on pouvait aller voir dans son espace particulier, non loin de là, mais qu’il était impossible de soustraire aux yeux des visiteurs quotidiens du Louvre. Tous les prêts demandés n’avaient pu être obtenus, ce qui n’est pas surprenant pour des œuvres aussi précieuses, mais la présence, entre autres, de la Madone Benois (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage), ou du Saint Jérôme pénitent (Vatican, Pinacothèque vaticane), ainsi que de tableaux superbes de suiveurs, et de très beaux portraits réalisés dans l’entourage immédiat du maître, faisaient de l’ensemble un rassemblement qui ne se reverra peut-être jamais.
Cette nouvelle compréhension de l’œuvre de Léonard a bénéficié de la traduction nouvelle d’une partie de ses textes, dont les transcriptions anciennes étaient parfois fautives, mais aussi d’une campagne d’analyses scientifiques, et en particulier de réflectographies dans l’infrarouge qui montrent pour les tableaux comment, dès le travail préparatoire sous-jacent à la couche picturale, Léonard fait surgir cette atmosphère mystérieuse qui donne à ses œuvres cet accord unique entre l’intensité de la présence et de la solidité des formes, et l’infinie douceur de la vie qui les anime en se posant sur elles. Parce que son questionnement incessant sur le monde, qui éclate d’évidence devant ses dessins, des grands formats magistraux aux croquis si puissants de ses carnets, ne cherche pas des réponses, mais une profondeur de l’interrogation, l’œuvre ne cesse, à son tour, de nous interroger. Nous ne sommes pas coupés du cosmos, et les mots de Léonard, « l’homme est le modèle du monde », aident à saisir sa perception profonde de l’unité du visible, qui illumine toute son œuvre.
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Écrit par
- Christian HECK : professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Lille
Classification
Média