POWER LEONEL (mort en 1445)
Avec Dunstable, Leonel Power (Leonellus Anglicus) est le théoricien et le compositeur le plus renommé de la musique anglaise de la première moitié du xve siècle. L'œuvre de ces deux musiciens assure très nettement le passage de l'ars nova à l'écriture de la Renaissance. En 1423, Power entra dans la fraternité bénédictine de Saint-Augustin à Canterbury. On connaît de lui un peu plus de quarante œuvres authentiques ; il en a certainement composé au moins une cinquantaine. Plusieurs, que d'autres sources présentent comme étant dues à Dunstable, lui sont attribuées par certains. On ne connaît de lui que de la musique religieuse, dont la messe Alma Redemptoris Mater (la messe Rex saeculorum est peut-être de Dunstable), vingt-trois fragments de messes (Gloria, Credo, Sanctus, Agnus séparés), plusieurs antiennes et motets. La messe Alma est la plus ancienne dont l'ordinaire soit construit sur un même cantus firmus de plain-chant qui figure à toutes les voix (ici, deux fois par mouvement, et dans un traitement isorythmique), ce qui confère à l'ensemble de l'œuvre une unité musicale évidente. Une telle forme dominera par la suite l'école franco-flamande. Les œuvres de jeunesse (cf. le manuscrit d'Old Hall) manifestent qu'il continue d'écrire selon les principes de la fin de l'ars nova (proportions complexes, rythmes irréguliers) ; en revanche, dans les compositions de la deuxième manière (manuscrits italiens de Trente, d'Aoste, de Modène, de Bologne), il se rapproche du style souple et aisé de Dunstable et de celui de la chanson du début du xve siècle. Ainsi établit-il un contraste entre le duo solo et le chœur à trois ou quatre voix, ce qui est un processus caractéristique de la musique anglaise (déb. xve s.), qui sera repris par les Français Guillaume Le Grant ou Dufay. Un exemple révélateur de cette manière est le motetGloriosae Virginis. Dans le traité In Contrivd upon ye Gamme, il étudie seulement l'art d'improviser le quatrible (déchant ajouté à la quarte supérieure) et le déchant ordinaire (deux voix chantées par de jeunes garçons).
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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