RYSANEK LEONIE (1926-1998)
Vénérée par les amateurs, la soprano puis mezzo-soprano autrichienne Leonie Rysanek ne fut jamais une star pour le grand public. Cette immense musicienne ne laisse, hélas ! qu'un legs discographique bien réduit.
Elle naît à Vienne le 14 novembre 1926, dans une famille d'origine tchèque assez démunie. Une enfance difficile, donc, illuminée cependant par le choc théâtral et musical d'une rencontre, à l'âge de huit ans, avec le Fidelio de Beethoven, qui va être à l'origine de sa vocation. Elle passe les années de guerre dans une usine d'armement et ne commence ses études musicales qu'avec le retour de la paix.
Alfred Jerger et Rudolf Grossmann – qui deviendra son premier mari – lui permettent d'entrer à l'Académie de musique de Vienne. Très vite remarquée, elle ne tarde guère à faire ses débuts à Innsbruck, en 1949, dans le rôle d'Agathe (Le Freischütz). Elle chante ensuite à l'Opéra de Sarrebruck (1950-1952) puis à celui de Stuttgart, et se voit confier le rôle de Sieglinde (La Walkyrie) pour la réouverture du festival de Bayreuth, en 1951.
C'est le début d'une très brillante carrière internationale qui la conduira à l'Opéra de Munich (1952), au Covent Garden de Londres (1953), à l'Opéra de Vienne (1954), au Metropolitan Opera de New York (1954) et à l'Opéra de San Francisco (1957).
Dotée d'un sens aigu du théâtre, Leonie Rysanek mariait de manière rare la puissance de l'émission, la beauté du timbre et la subtilité des inflexions. Elle a beaucoup chanté Verdi, Puccini et Tchaïkovski, mais ses compositeurs d'élection demeurent Wagner et Richard Strauss. À Bayreuth, elle chantera Elsa (Lohengrin), Elizabeth (Tannhäuser), Senta (Le Vaisseau fantôme). Elle est, en 1982, la Kundry du centenaire de Parsifal. Chez Strauss, elle incarnera l'Impératrice (La Femme sans ombre), Chrysothémis et Elektra (Elektra), la Maréchale (Le Chevalier à la rose), Ariane (Ariane à Naxos). Au milieu des années 1990, elle alterne les emplois de soprano avec le répertoire des mezzos (Clytemnestre d'Elektra, la Comtesse de La Dame de pique).
À l'issue d'une très longue carrière – preuve absolue de la solidité de sa technique et de la sagesse de ses prises de rôles –, le public du festival de Salzbourg lui réserve, en août 1996, plus d'une demi-heure d'ovation. Leonie Rysanek meurt à Vienne le 7 mars 1998.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
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