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PRICE LEONTYNE (1927- )

Le triomphe au Met

En 1958, remarquée par Herbert von Karajan, Leontyne Price débute à la Staatsoper de Vienne, dans le rôle de Pamina, avant d'y interpréter cette Aïda avec laquelle elle avait fait sensation à San Francisco puis au Covent Garden de Londres, et qui restera son rôle le plus célèbre. Dès 1959, elle est l'invitée du festival de Salzbourg (Missa Solemnis de Beethoven sous la baguette de Karajan) ; elle y chantera une dernière fois en 1977, après y avoir remporté des triomphes avec Donna Anna de Don Giovanni (1960 et 1961) et Leonora du Trouvère de Verdi (1962 et 1963), toujours sous la direction de Karajan. L'actrice est très conventionnelle, mais elle subjugue son public par son tempérament, son physique et la beauté de son chant. Sa voix est longue, pulpeuse, brillante dans l'aigu, son timbre est opulent, et séduit par ce grain si particulier aux interprètes de couleur.

Sa carrière se développe à la vitesse de l'éclair, en Amérique du Nord comme à l'étranger : le Covent Garden de Londres (1958), la Scala de Milan (1962), l'Union soviétique (1964) l'acclament ; viendront ensuite l'Opéra de Berlin (1964), le Teatro Colón de Buenos Aires (1969). Le 27 janvier 1961, elle fait enfin son entrée au Metropolitan Opera de New York, où sa Leonora du Trouvère, aux côtés du ténorFranco Corelli (Manrico), reste dans les annales, marquée, au dernier rappel, par une ovation de plus de quarante minutes ! Pour l'inauguration de nouveau Met, au Lincoln Center, le 16 septembre 1966, elle a l'honneur d'incarner la reine d'Égypte lors de la création – très controversée à cause de la production de Franco Zeffirelli – de l'opéra Antony and Cleopatra de Samuel Barber.

Leontyne Price dans <it>Aïda</it> - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Leontyne Price dans Aïda

Et puis elle revient à Paris, en 1968, au Palais-Garnier, cette fois, pour une Aïda donnée dans des décors poussiéreux qui déchaînent les foudres du public. C'est encore avec Aïda qu'elle fait ses adieux à la scène au Met, le 3 janvier 1985. Elle ne poursuit plus, dès lors, que son activité de récitaliste. Elle se produit au Carnegie Hall le 8 novembre 1987 lors du Aids Benefit Concert au profit de l'association Music for Life ; et les amateurs se souviennent de la formidable soirée à Carnegie Hall, donnée à l'occasion du centenaire de la salle, le 26 janvier 1991, la veille du trentième anniversaire des débuts au Met de cette cantatrice chérie du public, qui franchissait là une autre étape essentielle d'une vie professionnelle exceptionnellement riche. Leontyne Price a également consacré une partie de son temps à l'enseignement (notamment à la Juilliard School) ; en 2001, elle s'est produite au cours d'un gala à la mémoire des victimes du World Trade Center.

Le célèbre critique américain John Ardoin a écrit : « J'ai toujours cru que si la statue de la Liberté se mettait soudain à chanter, elle aurait la voix de Leontyne Price. » Une phrase qui s'applique magnifiquement à celle qui, pendant quatre décennies, fut l'un des plus glorieux symboles musicaux de son pays et qui a relevé un triple défi : venir de l'Amérique profonde, être noire et vouloir conquérir les scènes lyriques.

— Michel PAROUTY

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Leontyne Price dans <it>Aïda</it> - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Leontyne Price dans Aïda