LÈPRE
Traitement
Pendant des siècles, le seul médicament de la lèpre a été l'huile de chaulmoogra, extraite des graines de plantes des régions tropicales appartenant à la famille des Flacourtiacées. Ce produit était doué d'une certaine action, insuffisante toutefois pour enrayer l'évolution maligne.
Les sulfones, essayées pour la première fois en 1941 aux États-Unis, ont marqué par leur efficacité une étape considérable dans la thérapeutique de la lèpre, dont elles ont transformé le pronostic. Les composés substitués furent bientôt remplacés par la sulfone mère, la diaminodiphénylsulfone (DDS), qui en représente la fraction active. D'emploi facile, peu toxique à doses modérées, de prix modique, elle est utilisée dans le monde entier, et reste encore le médicament de base de la lèpre. D'autres produits très efficaces sont venus élargir l'éventail thérapeutique : une diphénylthio-urée, des sulfamides-retard, une riminophénazine (qui a en plus une activité antilépreuse sûre une activité anti-inflammatoire appréciable permettant de réduire les complications réactionnelles). Enfin, les antibiotiques antituberculeux (Rifampicine éthionamide) ont fait preuve d'activité antilépreuse. On peut les associer avec un sulfone (Dapsone) et un autre antibiotique (la Clofazimine) : c'est la polychimiothérapie (P.C.T.). Fournie gratuitement aux pays intéressés par l'intermédiaire de l'O.M.S., la P.C.T. a permis d'obtenir des résultats spectaculaires dans la réduction de la charge de la morbidité.
La durée du traitement spécifique varie de 6 mois à 2 ans suivant les différentes maladies. La polychimiothérapie est efficace (rechute inférieure à 0,1 p. 100) et bien tolérée ; les lésions cutanées et muqueuses régressent ou s'effacent, les lésions oculaires se stabilisent, les bacilles dégénèrent puis disparaissent progressivement. Les lésions nerveuses, plus rarement améliorées, peuvent bénéficier de la physiothérapie. Mais il reste les infirmités irréversibles ; une fois installées, elles nécessitent le recours à la chirurgie orthopédique ou réparatrice. Dans les régions d'endémie lépreuse, des équipes chirurgicales s'attachent à promouvoir, avec une technologie aussi peu sophistiquée que possible, pour des raisons de coût, l'appareillage des lépreux handicapés. Le Programme National Lèpre (P.N.L.) mis en place par l'association Follereau permet d'engager une bataille contre la lèpre avec l'État, la population, les O.N.G. et l'O.M.S.
Il faut savoir que la plupart des malades peuvent et doivent mener une existence normale, parfaitement compatible avec un traitement ambulatoire ; savoir aussi que la lèpre, prise tout au début, peut guérir sans laisser aucune séquelle. En France, l'hospitalisation en sanatoriums spécialisés concernait, temporairement, les malades contagieux ou victimes de complications.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicole BOURCART : docteur en médecine, licenciée ès sciences
Classification
Autres références
-
ACTINOMYCÈTES
- Écrit par Hubert A. LECHEVALIER
- 3 450 mots
- 4 médias
...maladies humaines les plus sérieuses causées par des Actinomycétales sont la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis et autres mycobactéries) et la lèpre (Mycobacterium leprae). Secondes en importance sont les actinomycoses humaines et animales causées par plusieurs espèces d'Actinomyces (... -
CONVIT JACINTO (1913-2014)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 462 mots
Le scientifique et médecin vénézuélien Jacinto Convit a été considéré comme un héros national pour ses recherches visant à la fabrication d’un vaccin contre la lèpre, une maladie infectieuse qui provoque des atteintes de la peau susceptibles d’entraîner une défiguration. Il avait aussi...
-
ÉPIDÉMIES ET PANDÉMIES
- Écrit par Jacqueline BROSSOLLET , Georges DUBY , Encyclopædia Universalis , Gabriel GACHELIN et Jean-Louis MIÈGE
- 20 843 mots
- 15 médias
...médiéval ont vécu dans une déficience biologique propice à l'éclosion et à l'expansion des maladies. Certaines d'entre elles étaient contagieuses, telle la lèpre. Celle-ci suscita, à partir du xiie siècle, les premières mesures d'exclusion visant à retrancher de la vie commune certains individus en raison... -
MYCOBACTÉRIES
- Écrit par Carlo COCITO , Encyclopædia Universalis et Gabriel GACHELIN
- 4 331 mots
- 5 médias
La lèpre est une mycobactériose due à M. leprae. Elle affecte tous les tissus du corps (sauf le système nerveux central), mais les lésions les plus apparentes intéressent la peau et les nerfs. Les malades qui, à certains stades de la lèpre, éliminent des quantités considérables de bacilles par...