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LES ARTS DE L'ASIE CENTRALE (dir. P. Chuvin)

L'Asie centrale, carrefour des civilisations, creuset des peuples et des religions au centre du continent eurasiatique, se trouve en réalité à la périphérie de nombreuses cultures : iranienne, indienne, chinoise, turco-mongole et aujourd'hui russo-soviétique. Elle est en quelque sorte le moyeu d'un engrenage d'échanges. Les publications qui lui sont consacrées se sont multipliées depuis l'écroulement de l'U.R.S.S. Il est parfois malaisé de distinguer dans ce flot les quelques ouvrages qui méritent d'être retenus parce qu'ils résisteront à l'épreuve du temps.

Le livre publié en 1999 par les éditions Citadelle et Mazenod est certainement, avec 617 pages et 837 illustrations, parmi les plus ambitieux, mais aussi parmi les plus réussis qui aient été produits au cours de ces dernières années sur l'histoire de l'Asie centrale. Il enrichit et corrige sur certains points essentiels notre vision de la région. Pierre Chuvin, directeur de l'Institut français d'études sur l'Asie centrale de 1993 à 1998, a réussi à réunir autour de ce projet des spécialistes renommés. Les musées d'Asie centrale, d'Europe, d'Amérique qui ont accepté de contribuer à l'iconographie sont parmi les plus riches en ce domaine.

Avant de parler de l'Asie centrale, il faut d'abord proposer une définition géographique de la région. Or ce n'est pas tâche facile. Car l'Asie centrale ne correspond pas aux seuls États nouvellement indépendants issus de l'Union soviétique, elle a en effet intégré au fil de son histoire une aire beaucoup plus vaste semblant s'élargir ou se rétrécir selon les périodes. D'ordinaire, les chercheurs s'entendent pour intégrer dans l'espace centrasiatique au moins une partie de l'Afghanistan actuel (la partie au nord de la crête de l'Hindoukouch) avec quelquefois la frange nord-est de l'Iran, et le Xinjiang chinois, et cela pour des raisons qui sont évidentes dans l'ouvrage présenté ici : l'unité culturelle de cet ensemble paraît bien établie, au moins pour quelques siècles, avant que les États modernes, et surtout les frontières nouvelles, étanches comme la région n'en avait jamais connu auparavant, ne viennent la fissurer. Mais Les Arts de l'Asie centrale s'appuie sur une région encore beaucoup plus large puisque le Tibet et la Mongolie s'y trouvent inclus. Cette décision se justifie historiquement : le bouddhisme n'est-il pas une des multiples religions qui ont marqué l'histoire des arts dans la région ?

Aussi vaste que le champ géographique de l'ouvrage est son emprise temporelle. Dans ce domaine également, P. Chuvin met en avant un nouveau mode de périodisation ; on ne trouve ni Antiquité, ni Moyen Âge, ni Temps modernes, notions de peu de valeur dans tout contexte non européen et même inutilisables pour l'histoire de l'Asie centrale.

Suivons les principales articulations de l'ouvrage :

« Les Arts de l'Asie centrale ancienne » par V. Schiltz, E. Rtveladze, C. Rapin, B. Marshak, F. Grenet. Les auteurs présentent d'abord l'art des peuples nomades, du « style animalier » aux objets en or du « Trésor de l'Oxus ». Ici comme ailleurs, les illustrations sont d'une beauté telle qu'il est aisé de suivre le conseil de « les regarder longtemps ». Viennent ensuite les produits de l'art « sédentaire », qu'il soit achéménide (donc plutôt iranien), hellénistique ou sogdien ; on contemple les célèbres peintures murales des palais de la Transoxiane qui rendent si évidentes l'aptitude des artistes à absorber des influences multiformes tout en gardant leur identité.

« Les Arts de l'Asie centrale bouddhique » par M. Yaldiz, G. Béguin. Ici, les objets trouvés dans l'Asie centrale devenue plus tard[...]

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