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AUDRAN LES

Famille de graveurs, d'ornemanistes et de peintres français du xviie siècle et du début du xviiie siècle. Les personnages les plus célèbres de cette dynastie sont le graveur Gérard et le peintre ornemaniste Claude III.

Gérard Audran (1640-1703) commença par étudier la gravure avec son père Claude Ier (1592-1677), mais ce n'est qu'après un séjour en Italie où il travailla dans l'atelier de Carlo Maratta que sa personnalité se révéla, en particulier après avoir étudié les antiques et reproduit les décorations des grands maîtres, Raphaël ou Pierre de Cortone. Gérard Audran maîtrisait parfaitement les différentes techniques de la gravure, ce qui lui permit de tenir sa place dans le courant qui, dans la seconde moitié du xviie siècle, tendait à faire de la gravure un art majeur (les graveurs sont admis à l'Académie à partir de 1655). Il se fit surtout connaître par l'importante commande des Batailles d'Alexandre d'après Le Brun (1672-1678). Il n'hésita pas, pour rendre ses compositions plus claires, à les simplifier avec une aisance qui reproduit bien la lumière sans trahir l'esprit des peintures originales. Il ne se contente jamais d'interpréter servilement les modèles, écueil que devaient fatalement rencontrer les reproductions de tableaux par la gravure.

Claude III (1658-1734) est un peintre ornemaniste qui eut une grande influence sur l'évolution du décor intérieur de son temps. Fils du graveur Germain Audran (1631-1710), il fut l'élève de son oncle, Claude II (1639-1684), qui lui-même avait travaillé sous les ordres de Coypel et de Le Brun. Il a donc participé au mouvement décoratif de la période Louis XIV. Mais étant donné son âge, Claude III ne subit que très peu l'influence de Le Brun (mort en 1690), ce qui lui donna une liberté d'expression que ne pouvaient avoir les peintres de la génération précédente. Comme Berain, son aîné d'une vingtaine d'années, il utilise les arabesques pour organiser ses compositions décoratives. Mais son style est beaucoup plus libre que celui de Berain. Il supprime les encadrements, les baldaquins, et les remplace par des éléments essentiellement floraux ou végétaux, légers, qui animent les perspectives. L'iconographie d'Audran se libère des contraintes du Grand Siècle, en particulier de la mythologie. Ses personnages animés, pleins de fantaisie, ses animaux souvent imaginaires (sphinx, chèvres ailées, singes habillés) donnent à cet art une gaieté et une verve étonnantes. Audran emploie ces grotesques soit dans des compositions centrées pour plafonds, soit en panneaux peints sur fond doré ou fond blanc pour décorer des lambris ou des portes. Il donna quelques dessins pour des meubles, des carrosses, etc., et surtout pour des tapisseries, les plus célèbres étant les Portières des dieux dont il prépara les cartons pour les Gobelins. Le succès d'Audran fut immense. Il se marque par les nombreuses commandes qu'il reçut de Louis XIV (ménagerie de Versailles, Marly, Fontainebleau) ou des princes (il travailla pour Monseigneur à Meudon), et par les élèves qu'il forma, dont le plus célèbre reste Watteau.

— Colombe SAMOYAULT-VERLET

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre

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