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LES AVEUX DE LA CHAIR (M. Foucault) Fiche de lecture

Les Aveux de la chair (édition de Frédéric Gros, Gallimard, 2018) paraît plus de trente ans après la mort de Michel Foucault. Ce texte, qui constitue le tome IV de son Histoire de la sexualité, avait pris au fil du temps la dimension d’une légende : avait-il été détruit par son auteur, ou bien existait-il, mais sous quelle forme ? On en comprend mieux aujourd’hui la genèse. Foucault avait posé avec La Volonté de savoir (1976), le tome I de l’Histoire de la sexualité, les bases d’une entreprise ambitieuse : écrire l’histoire du « dispositif » de la sexualité moderne (xviie-xixe siècles) à travers un certain nombre de figures (le pénitent, l’enfant masturbateur, la femme hystérique, la « population », etc.). Mais, dès la fin des années 1970, il approfondit son examen de l’expérience chrétienne de la chair au point de se concentrer bientôt sur une séquence historique précise, celle précisément qui fera la matière des Aveux de la chair : l’élaboration d’une doctrine sexuelle par les Pères de l’Église au cours des cinq premiers siècles de notre ère.

Un changement de perspective

Cette étude provoque au moins deux inflexions majeures dans le trajet philosophique de Foucault : à partir du travail autour du pastorat, elle enrichit sa conception du pouvoir en permettant l’élaboration de la notion de « gouvernementalité » entendue comme manière de « conduire la conduite des autres » ; à partir du travail autour des rituels canoniques de pénitence et des règles monastiques de confession, elle déplace progressivement le point de gravitation de ses recherches du côté des techniques de « subjectivation ».

C’est en 1982 que Foucault confie à Gallimard le manuscrit des Aveux de la chair, en précisant d’emblée qu’il en suspend provisoirement la publication afin de pouvoir le faire précéder d’une étude sur l’expérience sexuelle des Anciens. L’Usage des plaisirs et Le Souci de soi paraissent en 1984, au moment de la mort de Foucault au mois de juin. L’édition des Aveux de la chair s’est faite à partir du manuscrit initial et du tapuscrit constitué sur la base de ce dernier, que Foucault n’a pas eu le temps de corriger jusqu’au bout. Le texte édité, sans être définitif, est pourtant complet. Sa lecture donne l’impression d’un livre achevé, les interventions de l’éditeur portant essentiellement sur la vérification des sources citées. Il comprend trois grands chapitres ainsi que quelques textes en annexes (paragraphes réécrits ou compléments).

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Écrit par

  • : docteure en philosophie, chercheuse invitée à la Bibliothèque nationale de France

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