BELLINI LES
Gentile Bellini
Gentile Bellini est né en 1429. Il travaille auprès de son père et subit l'influence d'Andrea Mantegna. Il exécute sa première commande pour l'école de Saint-Marc dont il décore les orgues. Peu à peu, il prend la place de son père : en 1471, il a, avec son frère Giovanni, fondé un atelier. Il est chargé de la restauration des fresques de la salle du Grand Conseil. Auprès du sultan de Constantinople, Mahomed II (1479-1480), il exécute des œuvres qui enthousiasment le souverain, iconoclaste comme tout musulman. À son retour, il peint, pour le duc de Mantoue, des vues de Venise et du Caire. En 1500, il travaille pour diverses confréries vénitiennes ; en 1504, il commence la Prédication de saint Marcqu'achèvera Giovanni. Il meurt en 1507.
Gentile a conservé de nombreux traits de la manière de son père et de son beau-frère ; cette influence est surtout visible dans ses premières œuvres où les saints semblent figés dans des expressions outrancières. Car Gentile use avec insistance de la rhétorique mantégnesque : les lignes très accentuées composent les visages et les paysages, des architectures abruptes écrasent les personnages. C'est ailleurs qu'il faut chercher le style de Gentile : dès qu'il s'éloigne des types chrétiens, souvent imprégnés d'humanisme, pour peindre son siècle et sa ville natale, il retient davantage l'attention ; l'œuvre s'emplit de tout ce qui faisait la vie de Venise ; la place Saint-Marc, les canaux, les mosaïques, les fêtes animées par les Orientaux aux riches turbans. Mais toujours la religion a sa place, puisqu'il peint surtout des processions, des miracles ou des prédications ; le milieu a changé, le thème religieux demeure. Son style s'est-il aussi modifié ? Bien souvent il reprend les constructions des dessins de Jacopo : il accentue la forme rectangulaire de la place Saint-Marc en disposant la foule en un second rectangle inscrit dans le premier ; plus encore, il mêle deux formes de mouvement, l'une, traditionnelle, qui fait avancer les personnages de droite à gauche, l'autre, plus nouvelle, qui les fait venir du fond vers le premier plan ou inversement. Ces personnages sont toujours situés symétriquement par rapport à une architecture où se mêlent le vénitien et l'oriental ; mais ceux-ci ne sont pas toujours très individualisés. On s'en aperçoit lorsqu'on observe attentivement la Prédication de saint Marc et qu'on distingue les personnages exécutés par Gentile de ceux qu'a peints Giovanni, qui seuls sont vraiment singularisés. En vertu du primat de la construction linéaire, Gentile n'accorde pas un rôle essentiel à la lumière, et ses couleurs ne sont pas toujours aussi orientales ou vénitiennes que ses architectures.
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Écrit par
- Henri PERETZ : maître de conférences de sociologie à l'université de Paris-VIII
Classification
Médias
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