BELLINI LES
Giovanni Bellini
La date de naissance de Giovanni Bellini n'est pas établie avec certitude. L'année 1425 semble acceptable. Il travaille vers 1450 dans l'atelier de son père ; à partir de 1460, dans son propre atelier, où il peint de nombreuses œuvres destinées à des congrégations religieuses de Venise. C'est alors qu'il est chargé, avec son frère, de la décoration de la salle du Grand Conseil. En 1475, Antonello de Messine est à Venise ; une légende veut que Giovanni ait alors découvert sur les toiles de ce maître l'importance de l'huile. Puis Giovanni Bellini voyage et se rend à Urbino, où il voit sans doute des toiles de Piero Della Francesca. À Pesaro, il peint un Couronnement de la Vierge. De retour à Venise, sa production s'accroît, il exécute un grand nombre de portraits à caractère officiel. Invité par le sultan, il laisse son frère, Gentile, faire le voyage. En 1507, il achève une œuvre de son frère, qui vient de mourir, puis une autre, commandée à Mantegna, lui aussi disparu. Il mourra en 1516.
Disciple de Mantegna
On ne peut embrasser d'un regard ou définir d'un mot l'œuvre d'un peintre qui a produit durant soixante ans. Parti de bases bien déterminées, Giovanni Bellini a peu à peu élaboré une manière dont ses élèves profiteront. Très lié aux préoccupations humanistes et archéologiques de Mantegna, il s'en est peu à peu délivré non pour les oublier, mais pour leur donner vie dans un milieu de lumière et de nuances. Giovanni Bellini utilisera toute sa vie la peinture à l'huile sur bois ; ce procédé d'origine flamande était encore peu utilisé en Italie ; il permet un trait plus précis et des couleurs moins tranchées. Son humanisme sera très différent de celui de Mantegna. Ainsi, à part quelques exceptions très remarquables, il n'illustrera que peu de thèmes ou de textes antiques ou d'inspiration antique : l' allégorie païenne est rarement représentée pour elle-même, elle peut figurer comme motif dans une scène d'inspiration chrétienne ; tel est le cas dans le Sang du Rédempteur : des bas-reliefs romains représentant des sacrifices ornent la balustrade qui sépare le Christ du paysage. Giovanni n'est ni un archéologue ni un philologue. Il ne recherche pas de nouvelles humanités. Et pourtant toute son œuvre est remplie de types humanistes en tous points identiques à ceux d'Andrea Mantegna. Car tous deux furent marqués par les préoccupations de l'université de Padoue, devenue Université de Venise au début du xve siècle. Là se développa l'étude des textes et des monuments de l'Antiquité romaine. Rivale de Florence, Padoue peut s'enorgueillir de compter parmi ses artistes Donatello et Uccello, des exilés de marque comme Philippe Strozzi, auteur d'une histoire naturelle, ou Francesco Barbaro, grand connaisseur de la sculpture païenne. Ainsi, la majeure partie des tableaux de Giovanni Bellini est comme un montage d'éléments codifiés par les peintres et les humanistes de l'époque. En premier lieu, nous retrouvons l'architecture, objet des recherches de Jacopo et de Mantegna. L'architecture romaine n'a pas sa place, si ce n'est allusivement : colonnes ou pilastres corinthiens, arènes de Vérone. C'est surtout l'architecture contemporaine de la terra ferma que l'on découvre : villes entières avec leurs remparts, leurs châteaux forts, leurs ponts, leurs églises. Comme Mantegna, Giovanni mêle sans cesse l'archéologie et l'étude de la terre ; les paysages paraissent usés et travaillés par le temps, les rochers s'entrouvent, la terre laisse apparaître les couches qui la constituent. On pourrait croire que les paysages sont autant d'architectures où l'on lit l'âge de la terre. Cette parenté est renforcée par l'emploi de certaines formes : lignes courbes et très accentuées,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Henri PERETZ : maître de conférences de sociologie à l'université de Paris-VIII
Classification
Médias
Autres références
-
CARPACCIO VITTORE (1460 env.-1526)
- Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
- 2 779 mots
- 7 médias
Mais l'atmosphère qu'il préfère entre toutes et qu'il traduit avec le plus de bonheur est bien celle de Venise. Lorsque Gentile Bellini lui confie, en 1494, l'exécution de l'une des toiles de la scuola de Saint-Jean-l'Évangéliste illustrant les Miracles de la croix, il donne une... -
DÜRER ALBRECHT (1471-1528)
- Écrit par Pierre VAISSE
- 4 510 mots
- 6 médias
...bien que le motif soit d'inspiration bellinesque, et la Madone Haller (Washington, National Gallery) qui fut d'abord attribuée au même Giovanni Bellini et semble comme un hommage au maître vénitien. La Déploration Glimm (vers 1500, Munich, Alte Pinakothek), qui évoque les retables en bois sculpté... -
MANTEGNA (exposition)
- Écrit par Éléonore FOURNIÉ
- 1 021 mots
La première rétrospective consacrée à Andrea Mantegna au musée du Louvre, à Paris, du 26 septembre 2008 au 5 janvier 2009, amène le visiteur au cœur du Quattrocento italien. Là, une confrontation perspicace des œuvres du maître avec celles de ses contemporains permet, en l'espace de près de 190...
-
VENISE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Anna PALLUCCHINI , Michel ROUX et Freddy THIRIET
- 8 051 mots
- 16 médias
...humanisme. À l'église des Eremitani, les deux cultures, vénitienne et padouane, se rencontrent ; le développement de Venise en sera changé. Gentile Bellini et Vittore Carpaccio décrivent leur ville : le premier, avec plus de réalisme ; le second, en laissant plus de place à l'imagination, et...