BONONCINI LES
Le père et les deux frères Bononcini ont eu une célébrité inégale. Il n'est pas dit notamment que le plus illustre, l'aîné des deux frères, soit le plus talentueux : c'est l'autre que le padre Martini considérait comme le plus grand maître de son temps... L'un et l'autre sont les disciples de leur père Giovanni Maria (1642-1678), maître de chapelle à Modène, théoricien et compositeur de musique de chambre, dont les sonates à deux et à trois voix sont bien construites et élégantes.
Giovanni Battista (1670-1747), est un enfant prodige, qui publie à quinze ans son Trattenimenti da camera op. 1, pour deux violons et basse. Toute son existence est, comme son œuvre, marquée par le talent, le don et le succès : c'est aussi sa limite. Il publie sept recueils divers (concertos, sinfonie, messes) avant de quitter Bologne à vingt et un ans. Après un séjour à Rome, où il fait jouer ses premiers opéras, il se fixe à Vienne, avec son frère, pourvu du titre de compositeur de la cour (1698-1711). Ce séjour est coupé de tournées triomphales, comme celle qui le mène à Berlin où son Polifemo est joué à la cour, la reine Sophie Charlotte tenant elle-même le clavecin d'accompagnement. Jusqu'en 1720, il séjourne à nouveau en Italie, puis se rend à Londres où triomphe l'opéra italien. Poussé par divers clans aristocratiques, il s'y pose en rival de Haendel, que protège la cour. C'est là qu'il compose et crée au King's Theatre la plupart de ses opéras : Astarto (1720), Griselda (1722), Muzio Scevola. Sa gloire est alors atteinte par un curieux scandale, lorsqu'on découvre que l'œuvre qu'il a présentée pour son admission à l'Academy of Ancient Music est un faux, et qu'elle est due à Lotti. Il quitte l'Angleterre, séjourne à Paris, à Lisbonne, à Vienne, où il meurt. Outre une trentaine d'opéras, il a donné des cantates, sérénades, divertissements, oratorios, motets, psaumes, sonates et duos, sinfonie, pièces pour clavecin : Bononcini est doué pour tout ; il a toujours le ton juste, que ce soit dans l'opéra bouffe ou dans l'opéra seria. Tout ce qu'il entreprend est aisé, facile. Mais il reste superficiel et, si sa « manière » le rapproche d'un Scarlatti, la « matière » en est fort éloignée.
Antonio Maria (souvent appelé Marc'Antonio, 1677-1726) n'a pas la vie vagabonde de son frère : à part le séjour à Vienne, c'est dans l'Italie seule qu'il se répand. Également précoce (son premier opéra, Il Trionfo di Camilla, est joué à Naples alors qu'il a juste vingt ans), son œuvre se compose de dix-neuf opéras, créés soit à Vienne entre 1704 et 1711, soit à Milan, Modène et Naples. Ces œuvres, manuscrites, souvent confondues avec celles de son frère, sont d'une habileté d'écriture non moins consommée, et qui faisait l'admiration du padre Martini.
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Écrit par
- Philippe BEAUSSANT : directeur de l'Institut de musique et danse anciennes de l'Île-de-France, conseiller artistique du Centre de musique baroque de Versailles
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Autres références
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CANTATE
- Écrit par PIERRE-PETIT
- 1 894 mots
Issu de cantare, qui signifie « chanter », le mot « cantate » est l'exact pendant du mot « sonate », issu de sonare. La définition de la cantate est donc « quelque chose qui se chante ». Semblable dénomination ne peut, tout au moins au début, recouvrir une forme très précise. Aussi...