BRAGANCE LES
La maison capétienne des rois de Portugal est issue de la première branche ducale de Bourgogne. À la mort de Ferdinand Ier en 1383, les Portugais se rallièrent à son demi-frère illégitime, Jean, maître de l'ordre d'Aviz, pour ne pas tomber sous la domination de la Castille (le roi Jean Ier de Castille était l'époux de la fille héritière de Ferdinand Ier). Le maître d'Aviz fut donc le roi de Portugal Jean Ier (1385), qui de son mariage avec Philippine de Lancastre donna naissance à « l'illustre génération » comportant, entre autres, le roi Édouard Ier et l'infant Henri le Navigateur. D'Iñès Perez, Jean Ier eut un bâtard, Alphonse (1370-1461), duc de Bragance, ville située dans le nord du pays (1442). Le dernier membre de la maison dite d'Aviz (branche illégitime de la maison capétienne), le cardinal Henri (roi de 1578 à sa mort, en 1580), étant mort, Philippe II roi d'Espagne, qui avait épousé une infante de Portugal, lui succéda. C'est ainsi que Philippe III et Philippe IV furent rois d'Espagne et de Portugal, sans qu'il y ait d'ailleurs aucune fusion entre les deux couronnes. En 1640, une insurrection chassa Philippe IV et ce fut Jean, huitième duc de Bragance, qui fut proclamé roi de Portugal, sous le nom de Jean IV ; il avait quelque droit à porter couronne, son grand-père étant l'époux de Catherine, fille d'Édouard duc de Guimaraens, frère cadet des rois Jean III et Henri. Le troisième duc de Bragance, Ferdinand, avait aussi épousé Isabelle, fille de Ferdinand duc de Viseu, frère cadet du roi Alphonse V. Toutes ces ascendances royales, conjuguées aux immenses domaines de la maison de Bragance, faisaient du duc le premier d'entre les Portugais pour récolter la succession, ouverte par l'insurrection de 1640. À vrai dire, plutôt calme, il fut poussé en avant par sa femme, Louise de Guzman, ambitieuse Espagnole. La maison de Bragance était représentée par la reine Marie Ire, un peu folle et veuve de son oncle Pierre III, quand les armées napoléoniennes envahirent le Portugal (1807). Imitant les Bourbons qui avaient fui Naples vers la Sicile en deux autres circonstances similaires, les Bragance allèrent au Brésil, ce qui changea le cours de l'histoire de cette lointaine colonie. À la mort de sa mère en 1816, le prince régent devint le roi Jean VI et perdit bientôt le Brésil, qui s'était établi en empire indépendant avec son fils aîné comme empereur (1822). Jean VI mourut en 1826 sans désigner de successeur. Son fils l'empereur Pierre Ier se considéra comme Pierre IV roi de Portugal, mais fut forcé de laisser la couronne portugaise à sa fille Marie II, dont le pouvoir fut contesté par le frère cadet de Pierre Ier, l'infant Michel, resté au Portugal et qui se proclama roi avec bon droit, puisque Marie II avait la nationalité brésilienne (1828). Fort libéral et même maçon, Pierre Ier abdiqua la couronne brésilienne en faveur de son fils Pierre II, resté au Brésil (1831), et vint en Europe conquérir le Portugal pour sa fille, agissant comme simple duc de Bragance. Ce fut le déclenchement de la guerre civile ; l'Europe libérale (Louis-Philippe en particulier, le Royaume-Uni, puis l'Espagne d'Isabelle II prit fait et cause pour Marie II et son père, alors que les forces traditionalistes agirent pour Michel Ier qui fut vaincu et chassé de Portugal en 1834, ce qui était une lointaine conséquence de la chute de Charles X. Pierre (Ier-IV) mourut miné par la maladie, en 1834, et sa fille eut postérité de Ferdinand, prince de Saxe-Cobourg-Gotha, simple roi titulaire comme Ferdinand II. La royauté libérale incarnée par la sérénissime maison de Bragance (nom officiel de la dynastie d'après la Constitution, encore qu'elle ne fût plus capétienne, mais bien germanique) se termina en 1910 par la proclamation de la République[...]
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Écrit par
- Hervé PINOTEAU : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique
Classification
Média
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