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BRONTË LES

L'enfance

<em>Les Sœurs Brontë</em>, P. B. Brontë - crédits : VCG Wilson/ Corbis/ Getty Images

Les Sœurs Brontë, P. B. Brontë

Charlotte, Patrick Branwell, Emily Jane et Anne Brontë naissent respectivement les 21 avril 1816, 26 juin 1817, 30 juillet 1818 et 17 janvier 1820, à Thornton, petit village du Yorkshire. La famille compte déjà deux sœurs, Maria et Elizabeth. Le père, Patrick Brontë, né le 17 mars 1777 en Irlande, est l'aîné de neuf enfants. Il entre en 1802, étudiant pauvre mais brillant, au St. John's College de Cambridge, d'où il sort prêtre en 1806. La mère, Maria Branwell, de huit ans sa cadette, originaire de Penzance, en Cornouailles, est la cinquième fille d'une famille de onze enfants où l'on pratique un fervent méthodisme.

C'est en 1820 que la famille s'établit à Haworth, dans le presbytère qui est aujourd'hui un des hauts lieux de pèlerinage pour les fervents des lettres anglaises. Maria Brontë y meurt un an plus tard, atteinte d'un cancer. Sa sœur aînée, Elizabeth Branwell, vient de Penzance pour tenir lieu de mère aux six enfants. Trois ans plus tard, Maria, Elizabeth, Charlotte et Emily partent pour l'école de Cowan Bridge, institution religieuse destinée aux enfants pauvres du clergé anglican. Charlotte a évoqué dans Jane Eyrel'histoire douloureuse de cette année tragique. Les deux sœurs aînées, atteintes de tuberculose, meurent en quelques mois ; Charlotte et Emily, aussitôt rappelées au presbytère, ont vraisemblablement contracté les germes de la maladie qui les emportera toutes.

On peut dater de cette époque le premier témoignage sur la vie littéraire des enfants. Il vient du père, soucieux, bien des années plus tard, de donner à Mrs. Gaskell, la célèbre biographe de Charlotte, des indices précieux sur le génie précoce de sa fille. On en mesurera la valeur à la personne même de ce père qui sut très tôt éveiller la curiosité de ses enfants et leur communiquer cette double passion de la réalité et de l'imaginaire qui se manifeste de façon si naïve dans ses propres écrits, nouvelles morales et poèmes, tous publiés ces années-là.

« Dès leur plus tendre enfance, aussitôt qu'ils surent lire et écrire, Charlotte et ses frère et sœurs inventaient et jouaient de petites pièces dans lesquelles le duc de Wellington, le héros favori de ma fille Charlotte, finissait toujours par être le vainqueur – encore qu'une discussion s'élevât fréquemment au sujet des mérites comparés de celui-ci et de Bonaparte, Hannibal et César. Lorsque la dispute s'envenimait et arrivait à son paroxysme, il me fallait parfois, leur mère étant déjà morte à l'époque, intervenir comme arbitre pour régler la querelle au mieux de mon jugement. Bien souvent, dans le règlement de ces discussions, j'ai cru discerner la naissance de talents tels que j'en avais rarement ou même jamais observé chez des enfants de leur âge. Comme ils avaient peu d'occasions de se trouver en compagnie de gens instruits ou policés, dans leur campagne retirée, ils formaient entre eux une petite société – ce dont ils semblaient être satisfaits et heureux [...]. À l'époque dont je vous parle, lorsque mes enfants composaient et jouaient de petites pièces, Maria avait onze ans, Elizabeth dix, Charlotte huit, mon fils Branwell sept et Anne six (sic). Mais ils poursuivirent cette activité pendant plusieurs années, dès qu'une occasion se présentait. Parfois aussi ils écrivaient de petites œuvres de fiction qu'ils appelaient des romans miniatures. »

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