CAFFIERI LES
Famille de sculpteurs et de bronziers d'origine italienne de la seconde moitié du xviie siècle et du xviiie siècle. Les membres les plus marquants de cette nombreuse famille sont tout d'abord son fondateur Philippe Ier (1634-1716). Originaire de Naples, Caffieri travaille pour la papauté et est ensuite appelé en France par Mazarin (1660). Grâce à cette protection, il est rapidement naturalisé, logé aux Gobelins et employé aux sculptures de boiseries et de meubles à Versailles et dans les différents châteaux royaux. Il se spécialise dans la sculpture de vaisseaux au Havre et à Dunkerque, mais son passage aux Gobelins ainsi que son mariage l'avaient mêlé aux milieux artistiques de son temps et avaient favorisé la carrière de ses enfants. François-Charles, son fils aîné (1667-1729), lui succéda comme sculpteur et dessinateur des vaisseaux du roi (il transmettra lui-même cette charge à son fils, Charles-Philippe, 1695-1766) et le cadet, Jacques (1678-1755), devint sculpteur, fondeur et ciseleur. Ce dernier est surtout célèbre pour les bronzes d'ameublement qu'il fournit pour le roi ou les princes, bronzes d'applique sur les meubles, lustres, candélabres, feux, pendules. Son nom apparaît souvent dans les comptes des Bâtiments du roi pour tous les châteaux, particulièrement Versailles. Malgré l'imprécision des textes, un certain nombre de ses œuvres peuvent être identifiées : la commode de Gaudreaux pour la chambre du roi à Versailles, dont les bronzes, fait unique, sont signés (Wallace Collection, Londres) ; les deux lustres de Madame infante (également à la Wallace Collection) ; les bronzes de la cheminée de la chambre du dauphin à Versailles avec les termes de Zéphyr et de Flore, ou les bronzes de la célèbre horloge de Passemant (1750-1753, au château de Versailles). Ces œuvres sûres, qui ont permis un certain nombre de rapprochements et d'attributions, montrent clairement le « style Caffieri », fait d'une extraordinaire technique au service d'une fantaisie et d'une imagination typiquement rocailles. Les motifs de coquilles, d'acanthes déchiquetées, les chimères, les jeux de courbes et de contre-courbes d'une extraordinaire virtuosité, qui forment une ligne continue, marquent l'œuvre de Jacques Caffieri et celle de son fils Philippe II (1714-1774). Pour toute la période rocaille, les travaux du père et du fils se confondent complètement. Après la mort de son père, le style de Philippe s'assagit. Tout en reprenant le titre de fondeur-ciseleur du roi et en collaborant aux travaux de différentes maisons royales, il travaille pour certaines églises, Notre-Dame de Paris, les cathédrales de Bayeux et de Clermont-Ferrand (il subsiste une croix et deux chandeliers à Bayeux et le chandelier pascal de Clermont).
Jean-Jacques Caffieri (1725-1792), frère cadet de Philippe II, fut l'élève de Jean-Baptiste II Lemoyne, puis pensionnaire à l'Académie de France à Rome. Il se spécialisa dans la sculpture des bustes. Il avait collectionné en Italie les moulages de bustes connus qui servirent sans doute de point de départ à son art. Dans ses portraits, il met une vie, une animation qui l'apparentent à l'aimable fantaisie de son père. C'est, en outre, un excellent technicien. Ses séries de bustes les plus connues sont d'une part ceux de la bibliothèque Sainte-Geneviève, où les chanoines s'étaient fait représenter (en particulier, le chanoine Pingré, dont les bajoues sont d'un étonnant réalisme), d'autre part ceux de la Comédie-Française, bustes rétrospectifs comme ceux de Molière, de Corneille ou de Piron, contemporains comme celui de Rousseau.
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Écrit par
- Colombe SAMOYAULT-VERLET : archiviste-paléographe, conservateur au Musée national du château de Fontainebleau, professeur à l'École du Louvre
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