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CAHIERS DU CHEMIN LES

Les Cahiers du Chemin, trente livraisons parues de 1967 à 1977, font partie de ces revues littéraires qui sont destinées à graviter autour d'une collection éditoriale, ici préexistante. En l'espèce, les éditions Gallimard, qui disposent de la prestigieuse NRF nourrissant la Collection blanche, créent la collection Le Chemin, sous la houlette de Georges Lambrichs, dès le début des années 1960. Le Chemin accueille bientôt les premiers ouvrages de Michel Deguy, de J.-M. G. Le Clézio ou de Jean-Loup Trassard... Il faut attendre sept années pour que les Cahiers proprement dits voient le jour, signe que la collection commence à dessiner un « esprit », sinon une véritable tendance dominante. De jeunes écrivains se révèlent, récidivent, s'installent, qu'il convient, si peu que ce soit, de fédérer. La revue littéraire, dès lors, autorise une confrontation plus régulière entre les auteurs d'une même génération.

Les Cahiers sont dirigés par Georges Lambrichs, qui ne s'entoure d'aucun comité de rédaction et ne fait précéder son entreprise d'aucun manifeste explicite. Ce n'est qu'en 1977, lorsqu'il interrompt Les Cahiers du Chemin et devient rédacteur en chef de la NRF, que Georges Lambrichs exprimera brièvement les principes qui l'ont toujours guidé : « [...] défendre et assurer, à tous les tournants, cette marge de liberté et de qualité sans laquelle, en effet, la littérature cesserait d'exister. » La trajectoire de Georges Lambrichs montre bien que la « politique » traditionnelle de la NRF façonnait Le Chemin autant que ses Cahiers : une collection a besoin d'auteurs divers, voire opposés, l'unité du Chemin, sa nuance par rapport à la NRF étant d'illustrer une certaine recherche et expérimentation littéraires, « privilégiant la méditation et l'imagination sur le témoignage et ses effets ».

Outre les noms déjà cités, on trouve dans Les Cahiers du Chemin quelques nouveaux venus, parfois des plus fracassants, tel Pierre Guyotat dont le Tam-tam (un extrait de Tombeau pour 500 000 soldats) ouvre abruptement la toute première livraison de la revue. Henri Meschonnic distille dans la revue des textes théoriques sur le poème ou sur la traduction. Michel Butor, de son côté, qui a déjà fait peau neuve en s'éloignant du roman, donne régulièrement des réflexions sur l'art et la littérature.

Tout naturellement, le cheminement de la revue va tendre à se confondre avec la production régulière des écrivains de la collection, avec une préférence pour un mode de narration intermédiaire entre le texte de fiction et le poème en prose, qui se baptise « récit » (Michel Chaillou, Jean Roudaut, plus tard Gérard Macé...) ainsi que pour une littérature de méditation volontiers fragmentaire (Georges Perros) et pour des poètes nouveaux (Jean-Philippe Salabreuil, Jude Stéfan ou Jacques Réda).

Chaque livraison des Cahiers du Chemin fait suivre la partie textes d'une rubrique « Autrement dit » (critiques, réflexions, correspondances) d'une importance quantitativement égale. Les Cahiers témoignent ainsi à leur manière de la façon dont une nouvelle génération perçoit les théories du texte qui dominent la période : attitude d'observateurs tenant à demeurer en marge, et campant de préférence sur leurs positions individuelles.

— Jacques JOUET

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  • LAMBRICHS GEORGES (1917-1992)

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    • 664 mots

    Né le 5 juillet 1917 à Bruxelles, Georges Lambrichs rencontre Jean Paulhan à vingt ans, alors qu'il vient de lui soumettre un texte. Le directeur de La Nouvelle Revue française sera pour lui une référence constante, aussi bien par ses écrits, sa lucidité critique et son goût de l'ellipse...