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LES COMBATS POUR LA NATURE (V. Chansigaud) Fiche de lecture

Dans un ouvrage précédent (La Nature à l’épreuve de l’homme, 2015), Valérie Chansigaud dressait le catalogue des attitudes humaines qui contribuent au désordre envahissant la nature, aux premiers rangs desquelles il faudrait compter l’indifférence à l’erreur, sa répétition aveugle et la cupidité. Cette analyse fortement étayée débouchait sur le constat que l’homme n’est décidément pas un être doué de raison, du moins en ce qui concerne le bien commun. Pourtant, il existe depuis au moins deux siècles des écrits et des prises de position individuelles, des mouvements collectifs, des organisations enfin, qui ont en commun de chercher à défendre et protéger la nature. C’est l’histoire et le contenu de ces Combats pour la nature (Buchet-Chastel, 2018) qu’examine ici Valérie Chansigaud.

L’impossible origine

Une première évidence pour l’auteure est que les combats pour la nature et pour la préservation de l’environnement, quelle que soit l’approche privilégiée, se heurtent invariablement à des questions et des acteurs économiques, sociaux et culturels, bien avant que puisse être abordée la question de ce que l’on souhaite préserver. C’est cette pelote de constats enchevêtrés, construite au fil du temps, qui rend si difficiles la conception et la réalisation d’un programme environnemental au niveau d’un gouvernement. D’où la tentation pour certains de trancher ce nœud gordien en proposant un changement radical de société, un retour, mais vers quelle origine ? La part du passé ou du progrès scientifique que l’on choisit d’imaginer est à la racine de la confusion des solutions.

C’est que les affirmations qui étayent les nombreuses solutions préconisées pour protéger environnement et nature sont hétéroclites. Les combats pour la nature s’avèrent ainsi presque indéfinissables en tant qu’entité unique, tant ils revêtent de caractères qui varient avec les temps, les cultures et les acteurs. Qu’est-ce donc qui, cependant, les unit ? Pour Valérie Chansigaud, il existe une finalité commune à toutes ces démarches : la recherche d’un monde meilleur pour l’homme. Cette finalité peut être étudiée, car elle reste identifiable dans chaque démarche particulière, même si les mondes souhaités sont différents. Pour comprendre comment chaque proposition s’est construite, Valérie Chansigaud en propose une analyse historique. Mais la méthode chronologique de l’historiographie classique ne convient pas ici : les notions de nature et d’environnement ne possèdent pas non plus de définition stable. Il faut donc avoir recours à une autre méthode d’analyse. Il s’agira ici d’examiner quelques propositions emblématiques et d’analyser la pensée de personnalités que l’auteure estime incontournables au sein de chaque thème. Avec cette stratégie, elle fait apparaître plusieurs ensembles d’informations qui cernent ce que le terme de « combats pour la nature » peut signifier, sans pour autant totalement les définir et surtout sans atténuer la diversité des contenus. Nul doute que chaque lecteur découvrira à quel courant il se rattache, et que la pensée qu’il croit sienne s’enracine dans les idées incertaines qui tourbillonnent autour de nous.

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur