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LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE, film de Kenji Mizoguchi

Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatari) est « un des plus beaux films du monde », s'exclame Georges Sadoul dans les Lettres françaises en avril 1959, lors de sa tardive sortie parisienne. Le lion d'argent à Venise en 1953 (dans un festival sans lion d'or), confirmant le prix international obtenu en 1952 pour La Vie d'Oharu femme galante (Saikaku ichidai onna), et précédant un nouveau lion d'argent en 1954 pour L'Intendant Sansho (Sansho dayu), fait de Kenji Mizoguchi (1898-1956) la vedette incontestée d'un cinéma japonais que l'Europe découvre avec étonnement et beaucoup de retard. Il ne faudra pas longtemps pour que la critique apprenne à le distinguer de cinéastes tels Akira Kurosawa ou Teinosuke Kinugasa (palme d'or à Cannes en 1953 avec La Porte de l'enfer[Jigokumon]). Mizoguchi va devenir, pour la critique, un représentant de l'humanisme universel, apte à transcender les différences culturelles ; il revient à Jacques Rivette d'avoir discerné le premier sa singularité de réalisateur : « Ces films nous parlent un langage familier [...] le seul auquel doive prétendre un cinéaste : celui de la mise en scène » (Cahiers du cinéma, mars 1958) ; pour le comprendre, ajoute-t-il, inutile d'apprendre le japonais : il faut apprendre à « parler le Mizoguchi ».

D'un fantôme l'autre

<it>Les Contes de la lune vague après la pluie</it>, Mizoguchi K. - crédits : Everett Collection / Bridgeman Images

Les Contes de la lune vague après la pluie, Mizoguchi K.

Le Japon féodal, à fin du xvie siècle. Le potier Genjuro part pour la ville y vendre ses poteries avec son beau-frère Tobei, qui rêve de devenir samouraï. Ils ont laissé derrière eux leurs épouses. Au cours d'une traversée nocturne du lac Biwa, un pêcheur mourant les met en garde contre les pirates. À la ville, Genjuro trouve un acquéreur de ses poteries : la princesse Wakasa, tandis que Tobei achète un équipement de guerrier, sans savoir que, non loin de là, sa femme est contrainte de se prostituer pour survivre ; il deviendra un samouraï glorieux, mais ayant retrouvé sa femme dans un bordel, il reprendra avec elle sa vie antérieure. Livrant ses poteries au manoir Wakasa, Genjuro y est victime d'un sortilège : la princesse, qui est une morte-vivante, lui demande de l'épouser, et il cède à ce « paradis » imaginaire. Apprenant plus tard la vérité, il échappe au fantôme en se faisant tatouer une formule magique sur le dos ; retourné chez lui, il y retrouve sa femme et son fils, mais découvre bientôt que sa femme est morte et que c'est son fantôme qui lui a parlé. Il se remet au travail.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales

Classification

Média

<it>Les Contes de la lune vague après la pluie</it>, Mizoguchi K. - crédits : Everett Collection / Bridgeman Images

Les Contes de la lune vague après la pluie, Mizoguchi K.

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