LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE (Kenji Mizoguchi), en bref
Plus encore que Rashomon, de Kurosawa Akira, lion d'or à Venise et oscar du meilleur film étranger en 1951, Les Contes de la lune vague après la pluie, de Mizoguchi Kenji (1898-1956), lion d'argent à Venise en 1953, marque enfin la reconnaissance pleine et entière du cinéma japonais en Europe, et particulièrement en France. Adapté de récits d'Akinari Ueda et de deux nouvelles de Maupassant (Décoré ! et Le Lit 29), le film décrit, à la fin du xvie siècle, les illusions de gloire militaire virile de Tobeï qui, devenu samouraï s'en reviendra au village avec sa femme Ohama, devenue prostituée, tandis que son beau-frère Genjuro se perdra dans un art ineffable coupé de toute réalité, symbolisé par le fantôme de la belle et raffinée Wakasa. Lui aussi ne rentrera au village que pour apprendre que son épouse, Miyagi, a été massacrée par les soldats. Dans des images d'un extrême raffinement qui ne cache pas les horreurs de la réalité et un style qualifié d'« art de la modulation » (Jacques Rivette), Mizoguchi décrit une fois encore la douleur, le renoncement, l'exploitation de la femme par le mâle arrogant, égoïste et indifférent. Un chef-d'œuvre universel, servi par une impeccable direction d'acteurs.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Média