CZARTORYSKI LES

Célèbre famille de magnats polonais qui descend de la dynastie lituanienne des princes Guédymine. À la fin du xiv^e siècle, Konstanty, grand-duc de Lituanie, fut le premier à prendre le nom de Czartorysk (en Volhynie), son principal domaine. La maison des Czartoryski a exercé une influence décisive sur l'histoire de la Pologne. Elle commença à jouer un rôle prépondérant au xviii^e siècle et forma un parti politique puissant, appelé la « Famille », qui fut souvent amené à lutter contre une autre coterie de magnats, les « républicains », représentés principalement par les Potocki. Les Czartoryski atteignirent le sommet de leur puissance sous le règne d'Auguste III de Saxe. À la mort de celui-ci, avec l'appui de Catherine II de Russie, ils firent porter au trône de Pologne Stanislas-Auguste Poniatowski, leur neveu. Au xix^e siècle, ils furent parmi les chefs de l'émigration politique polonaise en France.

Michał Fryderyk Czartoryski (1696-1775), prince, vice-chancelier de Lituanie, est aussi chef du parti politique des Czartoryski. Après avoir terminé ses études à Paris, Florence et Rome, dès son retour en Pologne, il offrit ses services à la cour de Saxe et obtint, en 1722, la dignité de vice-chancelier de Lituanie. À la mort d'Auguste II, il soutint, en 1733, la candidature de Stanislas Leszczyński, célébré comme le champion de l'indépendance nationale, mais, après l'abdication de celui-ci, il se réconcilia avec la cour de Saxe. Auguste III, indifférent aux affaires de la Pologne et demeurant le plus souvent à Dresde, le prince Michał Fryderyk, à la tête de son puissant parti, s'efforça d'introduire, dans les années 1744-1750, des réformes militaires et économiques utiles au redressement du régime intérieur de la République nobiliaire. L'abbé Stanislas Konarski, éminent publiciste et patriote clairvoyant, fut l'un de ses plus importants collaborateurs. Après 1767, déçu par l'échec de ses tentatives de réformes, il se retira sur ses terres. Il mourut à Varsovie.

Le prince Adam Kazimierz Czartoryski (1734-1823) fut général de Podolie et homme d'État. Son père Auguste Aleksander, frère de Michał Fryderyk, apporta à la famille par son mariage avec la plus riche héritière de Pologne, Zofia Sieniawska, une immense fortune. En tant que fils et neveu des deux chefs du puissant parti des Czartoryski, Adam Kazimierz fut, en 1763, candidat à la succession du trône de Pologne. Mais, sous la pression de Catherine II de Russie, il abandonna ses ambitions au profit de son cousin, Stanislas-Auguste Poniatowski. Opposé tout d'abord à la politique du roi, il se rapprocha de lui, après le premier partage de la Pologne (1772). Il fit partie de la commission de l'Éducation nationale, qui répandit l'esprit des Lumières. Au temps des travaux de la Grande Diète (1788-1792), il fut l'un des chefs du groupe de Pulawy, appelé ainsi d'après le nom de son palais, où l'on prépara le projet de la Constitution démocratique du 3 mai 1791. En 1792, sollicité par l'envoyé de la Russie, Boulakov, il refusa son adhésion à la confédération réactionnaire de Targowica, se réfugia à Vienne et ne rentra en Pologne qu'en 1794. En 1812, il fut nommé maréchal de la diète de Varsovie. L'année suivante, il se retira dans son domaine de Puławy, près de Varsovie, où il s'entoura de savants et d'artistes. Il a laissé quelques travaux littéraires, dont les Règles morales pour l'école des chevaliers, quelques comédies : La Jeune Fille à marier (Panna na wydaniu, 1771), Le Joueur (Gracz, 1775) et un ouvrage sur la théorie de la littérature, Réflexions sur les lettres polonaises (Mysli o pismach polskich, 1810). Sa femme, Isabelle, fit construire dans le jardin du château de Puławy le temple de Sybilla, premier musée des souvenirs historiques polonais[...]