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LES DÉSASTRES DE LA GUERRE (exposition)

L’image à l'épreuve des guerres

Le parcours débute avec les guerres napoléoniennes : moment charnière où la peinture héroïque et la glorification du sacrifice pour la patrie (Antoine Jean Gros, Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau, le 9 février 1807) font place à l’accent mis sur la douleur individuelle et anonyme, l’effondrement (Théodore Géricault, Cuirassier blessé quittant le feu, 1814). La deuxième section concerne la pratique de la conquête et les guerres coloniales, avec sa part de lyrisme en faveur des victimes dans les représentations des crimes commis par les Turcs sur la population grecque (véritable crime de guerre contre des civils, dénoncé par les peintres et poètes romantiques). À côté des peintures, caricatures et dessins de presse redoublent de férocité. Dans les deux sections suivantes, consacrées respectivement à la guerre de Crimée et à la guerre de Sécession, apparaissent pour la première fois les photographies et le reportage moderne sur la guerre qui mettent en évidence la brutalité des images en plan rapproché de cadavres, les morts sur les champs de bataille, les destructions du paysage et des villes.

Si la peinture de la guerre franco-prussienne se donne encore pour mission d’émouvoir ou de rendre hommage aux combattants, avec les grands conflits du xxe siècle et les guerres de masse apparaissent les difficultés des artistes à montrer l’ampleur des destructions en temps réel. Otto Dix doit attendre l’après-Première Guerre mondiale pour sortir du cauchemar et tenter d’approcher l’atrocité de la vie quotidienne dans les tranchées, la fragilité humaine, la boue et l’ennui, les « gueules cassées ». Quant à la Seconde Guerre mondiale, elle pose directement la question du rôle de l’art et de sa possibilité même, en ces temps de désastre.

Consacrées aux guerres d’Indochine et d’Algérie, à celle du Vietnam et, pour finir, aux « guerres de notre temps » – celui du nucléaire, des drones, du terrorisme, de l’information permanente –, les dernières sections donnent toute leur place aux photographies, au cinéma, aux affiches, aux installations comme aux interrogations des artistes face à l’état de désolation du monde, quand une guerre plus que jamais asymétrique se double d’une omniprésence médiatique.

Le catalogue propose des articles originaux, transversaux par rapport à la chronologie, consacrés au traitement du paysage, aux corps, aux portraits, aux colonies, aux machines, à la folie. Se font entendre à travers lui, comme à travers les salles de l’exposition, les mots d’Otto Dix : « Je n’ai pas peint des scènes de guerre pour empêcher la guerre ; jamais je n’aurais eu cette prétention. Je les ai peintes pour conjurer la guerre. Tout art est conjuration. »

— Françoise COBLENCE

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Média

<em>Les Désastres de la guerre</em>, F. Goya - crédits : Collection Dagli Orti/ Musée des Arts Décoratifs Paris/ Picture Desk

Les Désastres de la guerre, F. Goya