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LES DESTINÉES, Alfred de Vigny Fiche de lecture

Les Destinées est un recueil posthume de poèmes d'Alfred de Vigny (1797-1863), publié en 1864. Il se compose de onze poèmes, écrits entre 1839 et 1863, marqués chacun par un profond pessimisme, où l'on retrouve le désenchantement des récits de Stello (1832) ou du drame de Chatterton (1835).

Une quête existentielle

L'ensemble de l'œuvre comprend environ deux mille vers en alexandrins. Les « Destinées », titre éponyme, à la fois du recueil et du poème qui l'ouvre, sont les filles du Destin qui font ployer l'homme et lui ôtent tout espoir : « Depuis le premier jour de la création,/ Les pieds lourds et puissants de chaque Destinée,/ Pesaient sur chaque tête et sur toute action. »

Le sous-titre du recueil, « Poèmes philosophiques », indique la nature profonde du message poétique : quel avenir pour l'homme dans un monde hostile et trop souvent sans Dieu ?

« La Colère de Samson » illustre la traîtrise des femmes, qui voue tout amour à l'échec : « Les deux sexes mourront chacun de son côté. » L'incommunicabilité conduit au stoïcisme de « La Mort du loup », qui dénonce la cruauté et la stupidité des hommes : « Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,/ Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !/ Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,/ C'est vous qui le savez, sublimes animaux ! »

Pourtant, dans « La Maison du Berger », la compassion amoureuse est célébrée, fondée sur une tendresse réciproque. Dans « La Bouteille à la mer », Vigny exalte encore la force de la volonté tendue jusqu'à la mort, le cap maintenu sans savoir jamais si le vaisseau atteindra un havre de paix. « La Flûte » est un chant de consolation adressé à un pauvre joueur de flûte, « La Sauvage » consacre les vertus de la charité chrétienne, « Wanda » l'amour sans fin d'une femme qui suit son époux déporté en Sibérie et y meurt. « Les Oracles », plus politique, se résume à une longue diatribe contre la démocratie : « Toute démocratie est un désert de sable. » La vision mystique pénètre « Le Mont des Oliviers », où le Christ agonisant implore en vain son père : avec un lyrisme pathétique, Vigny fait ici du « divin fils » une créature toute humaine face à l'angoisse de la mort. La dernière pièce, « L'Esprit pur », consacre la supériorité de l'esprit sur l'action, et exprime l'aspiration du poète à l'éternelle renommée : « ... Puissent mes destinées/ Vous amener à moi, de dix en dix années,/ Attentifs à mon œuvre, et pour moi c'est assez ! »

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Écrit par

  • : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur au lycée Jean-Monnet, Franconville

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