LES DIABOLIQUES, Jules Barbey d'Aurevilly Fiche de lecture
La clinique de l'inconscient
Accusé de libertinage, de crime contre la morale comme le marquis de Sade, le catholique Barbey d'Aurevilly proteste. Sa volonté, affirme-t-il, est didactique : « Or, l'auteur de ceci, qui croit au Diable et à ses influences dans le monde, n'en rit pas, et il ne les raconte aux âmes pures que pour les en épouvanter » (Préface de 1874). L'écrivain clame son innocence en affirmant le caractère véridique de ces récits, où l'on reconnaît souvent Valognes, petite ville normande où Barbey passa son adolescence.
Barbey, ainsi qu'il l'indique à plusieurs reprises, rédige chacune des histoires comme un confesseur qui serait délivré du secret. Ses récits sont des mises en scène de la confession. Dans chaque nouvelle, l'histoire est racontée par un narrateur qui s'adresse à un auditoire : Les Diaboliques imposent la technique du récit dans le récit. De cette façon, ce n'est plus au lecteur de juger la réalité de l'aventure narrée, puisque l'auditeur présent dans la nouvelle s'en est déjà chargé. La force des Diaboliques tient autant au contenu qu'à la structure de ce texte qui préfigure, vingt ans avant, Les Études sur l'hystérie de Freud (1895). Dans les deux ouvrages, le lecteur devient le témoin des mystères et de la violence du désir féminin. Les Diaboliques de Jules Barbey d'Aurevilly relèvent moins de la morale catholique que de la clinique de l'inconscient.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Patrick AVRANE : psychanalyste (membre de la société de psychanalyse freudienne)
Classification
Média