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LES FILLES DU FEU, Gérard de Nerval Fiche de lecture

Le fils du feu

Reprenant, pour présenter les douze sonnets ajoutés aux Filles du feu et les intégrer au recueil, le mot de « chimères » qui servait de conclusion à Sylvie (« Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie »), Nerval annonce la modernité de sa démarche. Il n'est pas un « voleur de feu » comme, plus tard, Rimbaud le Voyant, mais une « identité affolée » (Jean-Pierre Richard), purifiée à la flamme de rêves inassouvis. Hybride fascinant, ignorant le moi romantique au profit d'une voix sans origine et sans destinataire, abandonné à l'ivresse de tous les dieux réunis, le poète des Chimères ouvre cette liberté du sens qu'imposeront les surréalistes. De l'acteur Brisacier, éperdu d'altérité (Préface des Filles du feu) au « banni de liesse » (El Desdichado) ; de l'Antéros révolté contre l'amour, à la pure liberté créatrice, Nerval relate, dans Les Chimères, la dure conciliation des ténèbres et des forces lucides : « Ils m'ont plongé trois fois dans les eaux du Cocyte,/ Et protégeant tout seul ma mère Amalécyte,/ Je ressème à ses pieds les dents du vieux dragon » (Antéros).

— Marie-Françoise VIEUILLE

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  • NERVAL GÉRARD DE (1808-1855)

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    • 2 628 mots
    Dans Sylvie (une nouvelle écrite au printemps de 1853, entre deux internements, et incorporée aux Filles du feu), Gérard de Nerval remonte aux premières années de son existence ; il évoque le charme vaporeux du Valois et transpose les premières émotions de son cœur. À la grâce rustique de Sylvie s'oppose...