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GAMALIEL LES

Gamaliel Ier, que l'on appelle l'Ancien, vécut dans la première moitié du ier siècle. Selon les Actes (v, 34-39), c'est à l'intervention de ce docteur pharisien que les Apôtres durent leur libération. Il représentait l'héritage de Hillel et donc la tendance libérale dans l'interprétation des Écritures. C'est de lui que saint Paul (Saul de Tarse) reçut son éducation pharisienne (Actes, xxii, 3). Une légende chrétienne ancienne disait qu'il avait secrètement adhéré au christianisme. La tradition talmudique l'honorait comme l'un des plus grands docteurs de la Loi. Le judaïsme lui devait des lois perpétuant l'esprit de Hillel, par exemple sur les relations entre juifs et païens (ainsi l'accès d'un champ pour y glaner fut-il toléré pour tout pauvre, qu'il fût juif ou païen). Gamaliel Ier fut le premier à être désigné du titre de rabban, « notre maître » (après la chute de Jérusalem, rabbirab en Babylonie — devint le titre technique attribué aux maîtres et intellectuels qualifiés).

Siméon ben Gamaliel (Gamaliel II), qu'on appelle aussi Gamaliel de Jabneh, était le petit-fils de Gamaliel l'Ancien et le père de Juda ha-Nassi. Il succéda à Johanan ben Zakkay, à Jabneh (Jamnia), avec le titre et les fonctions de nassi (« patriarche »). Les Romains ayant, en représailles de la révolte de Bar Kokhba, détruit la maison de sa famille, Siméon, l'un des rares survivants, se cacha pendant toute la période des persécutions consécutives à la destruction de la citadelle de Bétar. Il exerça un véritable magistère sur l'ensemble du judaïsme jusque dans les années qui suivirent la mort d'Hadrien. Il eut le grand souci d'unifier doctrinalement et disciplinairement la religion juive, tant par rapport à ses contraintes internes que par rapport aux problèmes posés par les nouvelles déviations, particulièrement par celle que représentait le christianisme naissant. Cette unification se fit autour de l'Assemblée (Bet dîn) de Jamnia. Certaines des attitudes et des conceptions de Gamaliel lui valurent d'être pendant quelque temps déposé à la suite d'une forte réaction de ses adversaires. Il voyagea dans les terres juives, en Judée et en Galilée, et jusqu'à Ptolémaïs. C'est à son époque probablement que le fameux conflit entre l'école de Shammay et celle de Hillel prit fin, au profit du parti de Hillel (c'est ainsi que l'on reconnut comme appartenant aux saintes Écritures les livres de l'Ecclésiaste et du Cantique). Ce fut aussi par les soins de Gamaliel II que furent révisées et imposées les anciennes prières juives : surtout le Shemoneh Esreh ou « Dix-Huit [Bénédictions] ». Il réussit à renforcer au sein du Sanhédrin la position du nassi par des décrets qui lui valurent l'opposition de Meïr et de Nathan le Babylonien. Siméon tint aussi à renforcer l'autorité de sa fonction en rétablissant la dépendance de Babylone vis-à-vis de la Palestine. Là aussi, il se heurta à l'opposition des Sages de Babylone. On trouve dans la Mishna, et plus encore dans les beraitot et la Tosefta des centaines de halakhot rendues en son nom. Malgré une forte hostilité, Siméon réussit, grâce à son sens de la coopération et de la mesure, ainsi qu'à ses qualités de chef, à consolider le statut de la plus haute institution juive à l'époque.

Dans la succession des nesiim, on relève les noms de Gamaliel III (Juda ha-Nassi, 210-225), de Gamaliel IV et de Gamaliel V ; le dernier nassi fut Gamaliel VI (370-425).

— André PAUL

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