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GHAZNÉVIDES LES (977-1186)

Répandue depuis le milieu du ixe siècle surtout à Bagdad, siège du califat, la coutume d'utiliser des régiments d'esclaves turcs (gholām) fut adoptée par les Samanides qui espéraient ainsi contrebalancer la puissance militaire de leurs seigneurs ruraux (dehqān) iraniens. Ce calcul se révéla faux ; à la mort de l'émir samanide Abd al-Malek en 961, le gholām turc Alp-tegin, commandant des forces samanides au Khorāsān, ayant vainement tenté de s'emparer de la succession, se retira à Ghazni. D'autres chefs militaires turcs suivirent son exemple et s'installèrent dans cette région limitrophe des possessions samanides et des territoires non islamisés de l'Inde où ils gouvernèrent au nom des Samanides. Les successeurs de Alp-tegin (mort en 963) furent incompétents ou faibles, à l'exception de Sebük-tegin (977-997) qui inaugura la pratique ghaznévide de razzier systématiquement les plaines de l'Inde. Ce fut son fils Mahmūd (998-1030) qui, parvenu à se rendre indépendant à Ghazni, se fit la réputation d'être « le fléau des infidèles », notamment par ses campagnes répétées en Inde (Multan, 1005-1006 ; Kangra, 1008 ; Thanessar, au nord-ouest de Delhi, 1014 ; Mathura, Qanawdj, 1018 ; Kalindjar, 1021-1023 ; et surtout Somnāth dans la péninsule de Kathiawar, 1026). Bien qu'il ait peut-être eu des liens avec la secte des Karrāmiya, Mahmūd devint à point nommé le défenseur de l'orthodoxie sunnite menacée depuis le milieu du xe siècle par la montée du shī‘isme. Entre autres titres, le calife lui décerna en 999 celui de Yamin ad-Dawla (bras droit de l'État ou de la fortune) pour avoir restauré la khotba abbasside au Khorāsān, où Mahmūd encouragea aussi les Karrāmiya dans leurs persécutions contre les ismaéliens. Au nord, il fit de l'Oxus sa frontière avec les Qarakhānides et annexa le Khorazm. À la fin de sa vie (1029), il prit Ray (incendie de la bibliothèque shī‘ite) et Hamadan aux Bouyides. Son empire était le plus vaste et le plus imposant connu jusque-là dans le califat abbasside. Après avoir évincé son frère Muḥammad, Mas'ūd Ier (1031-1041) qui, du vivant de son père Mahmūd avait été gouverneur du Djebāl, dut céder le Khorazm et le Khorāsān aux Seldjoukides. L'assassinat de Mas‘ūd, la restauration de Muḥammad et son éviction par Mawdūd, fils de Mas‘ūd, (1041-1050), furent mis à profit par les rādja hindous qui reprirent beaucoup de places fortes et assiégèrent Lahore, capitale de l'Inde ghaznévide. Après des années de luttes pour la possession du Sistān et de l'ouest de l'Afghānistān, un modus vivendi fut conclu avec les Seldjoukides à l'accession d'Ibrahim (1059-1099). Réduit à la possession de l'est de l'Afghānistān et du nord de l'Inde, l'empire ghaznévide fut de plus en plus menacé par le Seldjoukide Sandjar, sous le règne de Bahrām shāh (1118-1152) ; c'est alors que se produisit le terrible sac de Ghazni (1150-1151) par le prince ghūride ‘Alā ad-Din Hoseyn « Djahān-Sūz » (littéralement : Incendiaire du monde). Ce fut la dynastie ghūride (1000 env.-1215) qui finit par supplanter les Ghaznévides et se disputa avec les Khorazm Shāh l'hégémonie du Khorāsān. Ces derniers recueillirent l'héritage des Seldjoukides d'Iran et des Ghaznévides et endiguèrent pour un temps le déferlement des hordes mongoles.

En adoptant la civilisation persane (administration, étiquette, langue, littérature), Mahmūd fit de sa cour un centre brillant de culture islamique. Des richesses fabuleuses (butin et esclaves de l'Inde) lui permirent d'attirer à Ghazni savants, historiens et poètes sous sa « protection ». Il aurait eu pour louer ses exploits jusqu'à quatre cents poètes placés sous la direction de son poète lauréat Onsori. Certains de ces lettrés furent capturés[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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