HOLBEIN LES
Les plus célèbres représentants des Holbein, famille de peintres d'origine souabe, sont Hans Holbein l'Ancien (1465 env.-1524) et son fils Hans Holbein le Jeune (1497-1543). Sigmud ( ?-1540), frère du premier, n'est plus guère qu'un nom. D'Ambrosius (1494 ?-1519), frère aîné du second, disparu tôt, subsistent quelques œuvres qui témoignent de grandes qualités, mais ne permettent de le comparer ni à son père ni à son cadet.
Malgré les liens qui les unissent, ces deux derniers appartiennent à deux univers très différents. De peu plus âgé que Dürer, Hans Holbein l'Ancien reste cependant un représentant typique et attardé de la peinture du gothique finissant, à la fois par la nature de ses travaux et par son art étranger aux préoccupations qui agitèrent les maîtres de la phase héroïque de la Renaissance allemande, les Dürer, Grünewald, Cranach, Altdorfer et Baldung Grien.
D'une génération plus jeune qu'eux, Hans Holbein le Jeune est au contraire un pur artiste des temps nouveaux. On dit souvent que ce qu'ils durent acquérir à grand-peine lui fut donné en héritage ; cela est vrai, dans la mesure où l'on ne trouve pas trace dans son œuvre des efforts d'un Dürer pour s'assimiler les principes de l'art italien, car très tôt sa maîtrise fut parfaite. Mais il ne succomba pas pour autant, comme certains de ses contemporains en Allemagne, et comme les romanistes flamands, au prestige des maîtres d'outremonts. Il a su créer un univers qui lui est propre, un univers purement humain, et dont toute rhétorique fut bientôt bannie. Sa rigueur, son objectivité pénétrante, alliées à un sens très sûr de la vie, font de lui l'un des plus grands, sinon le plus grand portraitiste de tous les temps, et le firent placer par l'Italien Federico Zuccaro au-dessus même de Raphaël.
Holbein l'Ancien
Un peintre traditionnel
Hans Holbein l'Ancien diffère des peintres allemands du xve siècle en ce que sa vie comme son œuvre, malgré d'importantes lacunes, sont relativement bien connues. Né à Augsbourg, il appartient à un milieu d'artisans dont il mène la modeste existence. Après un séjour à Ulm où il exécute, en collaboration avec le sculpteur Michel Erhart, un retable destiné au monastère de Weingarten (1493 ; volets dans la cathédrale d'Augsbourg), il revient en 1494 dans sa ville natale où il réside jusqu'en 1515. Il est bientôt assailli de commandes de retables, de fresques, de projets de vitraux, surtout pour les églises d'Augsbourg, mais également pour celle des dominicains de Francfort (retable du maître-autel, 1500-1501 ; plusieurs fragments au Städelsches Institut de la ville), pour celle des cisterciens de Kaisheim (retable du maître-autel, 1502-1504 ; volets à l'ancienne Pinacothèque de Munich). Son départ d'Augsbourg a été attribué sans raisons à la gêne dans laquelle il serait tombé par suite de l'évolution du goût de la clientèle. Que les antonins d'Issenheim, pour lesquels Grünewald venait d'achever son célèbre retable, aient alors fait appel à lui prouve qu'il jouissait encore d'une grande réputation. De 1517 à 1519, il travaille à Lucerne, avec son fils Hans, à la décoration de la maison Hertenstein (détruite en 1825). De 1519 date sa dernière œuvre connue, La Fontaine de vie (Museo nacional de arte antiga, Lisbonne). L'obscurité plane sur ses dernières années.
On ne sait pas avec certitude où il reçut sa première formation ; à Ulm, selon l'hypothèse traditionnelle, ou peut-être à Augsbourg, dont la peinture est mal connue jusqu'à la fin du xve siècle. Il a subi l'influence de Martin Schongauer et plus encore celle de la peinture flamande, manifeste dans son chef-d'œuvre, La Passion grise (volets d'un retable peint entre 1495 et 1500 ; Donaueschingen,[...]
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Écrit par
- Pierre VAISSE : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève
Classification
Médias
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