Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HOLBEIN LES

Holbein le Jeune

De Bâle à la cour d'Angleterre

Hans Holbein le Jeune naquit également à Augsbourg, qu'il quitta définitivement en 1515 pour s'installer à Bâle où bientôt le rejoignit son frère aîné Ambrosius. Il y connut un rapide succès malgré son jeune âge. Des dessins exécutés en marge d'un exemplaire de L'Éloge de la folie attirèrent sur lui l'attention d' Érasme auquel il fut longtemps lié et dont il peignit plus tard un certain nombre de portraits, ainsi que de son éditeur Froben. Commença alors une longue et brillante carrière d'illustrateur pour l'imprimerie, dont l'œuvre la plus connue est la Danse des morts, suite de petits bois publiés à Lyon en 1538 sous le titre Les Simulacres et historiees faces de la mort. Ses mérites de peintre furent bientôt consacrés par la commande que lui passa le bourgmestre de Bâle Jacob Meyer de son portrait et de celui de sa femme (1516, musée de Bâle). Après un séjour à Lucerne où il collabore avec son père, il revient à Bâle en 1519, y est admis dans la guilde des peintres, reprend l'atelier de son frère (parti ou décédé ?) et se marie. Des années suivantes datent presque toutes ses compositions religieuses, volets du Retable d'Oberried (1521-1522, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau), volets d'un Retable de la Passion (vers 1524, musée de Bâle), Le Christ mort (1521-1522, ibid.), La Madone de Soleure (1522, musée de Soleure). Sa réputation lui vaut d'être choisi pour décorer de fresques la salle du Grand Conseil de l'hôtel de ville de Bâle (esquisses et fragments conservés). De cette même époque doit dater la décoration de la façade de la maison Zum Tanz, dont seuls quelques dessins donnent encore une idée.

<it>Portrait d'Érasme</it> - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Portrait d'Érasme

<it>Allégorie de l'Ancien et du Nouveau Testament</it>, H. Holbein le Jeune - crédits :  Bridgeman Images

Allégorie de l'Ancien et du Nouveau Testament, H. Holbein le Jeune

Cependant Bâle, peut-être à cause des troubles qui accompagnaient la Réforme, n'offrait pas à son activité un champ favorable. Un voyage en France, en 1524, avait peut-être déjà pour objet la recherche d'un mécène en la personne de François Ier. Il en rapporta la technique des crayons de couleur et la connaissance de l'œuvre de Vinci. En 1526, il part pour l'Angleterre muni d'une recommandation d'Érasme. Il y peint La Famille de Thomas More (disparue ; copie et dessin de l'artiste pour Érasme) et un certain nombre de portraits (Nicolas Kratzer, 1528, Louvre). En 1528, il est de retour à Bâle et peut s'acheter une maison. L'année suivante éclate la crise iconoclaste. En 1532, il reprend le chemin de l'Angleterre, inaugurant cet exode des artistes allemands vers des contrées plus propices qui s'intensifiera au xviie siècle, avec Elsheimer, Liss et d'autres. À Londres, il ne retrouve plus ses anciens protecteurs et travaille d'abord pour les marchands allemands (Portrait de Georg Gisze, 1532, musée de Berlin-Dahlem). Pourtant, son talent s'impose bientôt, et Holbein le Jeune devient le portraitiste attitré de l'aristocratie et de la cour. En 1538, il profite d'un voyage officiel en Bourgogne pour visiter sa famille ; ses anciens compatriotes furent surpris de le voir vêtu de soie et de velours et cherchèrent à le retenir. Malgré des offres alléchantes, il ne s'attarda pas. L'ère des cités marchandes était révolue ! On ne possède de cette dernière période que des portraits, quoiqu'il eût aussi à exécuter de grandes décorations, mal conservées ou disparues.

Les composantes d'un style

Hans Holbein le Jeune a certainement reçu sa formation initiale auprès de son père. L'abondance des éléments d'architecture italienne dans ses premières œuvres a fait supposer un voyage à Côme ou à Milan, mais il aurait pu se familiariser avec ces motifs à Augsbourg, un voyage en Italie plus tardif restant toutefois probable. Par le rôle qu'il leur assigne, par exemple dans le Diptyque du Christ et de la Vierge[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Genève

Classification

Médias

<it>Portrait d'Érasme</it> - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Portrait d'Érasme

<it>Allégorie de l'Ancien et du Nouveau Testament</it>, H. Holbein le Jeune - crédits :  Bridgeman Images

Allégorie de l'Ancien et du Nouveau Testament, H. Holbein le Jeune

<em>Madone du bourgmestre Jacob Meyer zum Hasen</em>, H. Holbein le Jeune - crédits : Akg-images

Madone du bourgmestre Jacob Meyer zum Hasen, H. Holbein le Jeune

Autres références

  • HOLBEIN LE JEUNE. LES ANNÉES BÂLOISES (exposition)

    • Écrit par
    • 894 mots

    En 2003, le Mauritshuis de La Haye, qui possède trois portraits peints par Hans Holbein le Jeune, présentait une exposition intitulée Hans Holbein, portraitiste de la Renaissance. On pouvait y voir la célèbre Madone de Darmstadt, ou Madone du bourgmestre Jakob Meyer, conservée depuis le xix...

  • BÂLE MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE

    • Écrit par
    • 1 020 mots

    À Bâle, ville rhénane à la forte tradition humaniste et économique, l'initiative privée s'est de tout temps alliée aux institutions publiques pour favoriser le développement culturel de la cité : la Collection publique des beaux-arts – c'est son nom officiel – en est le reflet. Elle doit son...

  • FROBEN JOHANN (1460 env.-1527)

    • Écrit par
    • 603 mots

    Né à Hammelburg (basse Franconie), Johann Froben aurait travaillé chez Anton Koberger à Nuremberg, puis chez Johann Amerbach à Bâle. Le 13 novembre 1490, il obtient le droit de bourgeoisie dans cette ville et y ouvre un atelier d'imprimerie l'année suivante. En 1494, il s'associe avec...

  • REPRODUCTION DES ŒUVRES D'ART - Copie et reproduction depuis la Renaissance

    • Écrit par
    • 3 633 mots
    ...dispensa les connaisseurs de se partager sur l'identification de l'original. Ce qui ne fut pas le cas pour La Vierge du bourgmestre Meyer, par Holbein, dont on connaissait deux versions, l'une à Darmstadt, l'autre à Dresde. Elles furent confrontées en 1871, et Adolf Bayersdorfer put établir que...