KIMHI LES
L'histoire du judaïsme médiéval a retenu les noms de trois Kimhi, tous exégètes : Joseph (1105 env.-1170) ; David, son fils enfin, Moïse (mort en 1190 env.).
Joseph, grammairien, exégète et traducteur, quitta l'Espagne pour Narbonne à cause de la persécution des almohades. Ses ouvrages principaux sont des traités de grammaire, s'appuyant sur ceux d'Ibn Jannah, qu'il s'attacha à faire connaître à ses coreligionnaires non arabisants (Sefer ha-zikkaron, W. Bacher éd., 1888). En tant qu'exégète, il expliqua le sens littéral (pshat) du Pentateuque, des livres prophétiques (commentaire perdu) ; des Proverbes, du Livre de Job (éd. Schwarz in Tikwat Enosh, 1868) et du Cantique des cantiques (inédit). Il prépara une traduction des Devoirs des cœurs de Bahya Ibn Paquda, dont les fragments conservés sont inclus dans la traduction de Samuel ibn Tibbon éditée par Benjacob I. A. (1846). Nombre de ses poésies liturgiques ont été intégrées dans les livres de prières. Il est l'auteur du premier traité polémique antichrétien écrit en Europe (Sefer ha-Berit, Constantinople, 1710).
David, connu sous le nom de Radak (formé des premières lettres de Rabbi David Kimhi), fut exégète et philologue. Son ouvrage principal, Mikhlol, est composé de deux parties : la première, consacrée à la grammaire de la langue hébraïque, porte le titre de Sefer Mikhol (Constantinople, 1532) ; la seconde, le Sefer ha-shorashim (éd. avant 1480), contient un lexique. David composa aussi un manuel pour les copistes de la Bible, dont il s'efforçait d'établir le texte correct à partir de la collation d'anciens manuscrits (Et Sofer, « La plume du Scribe »). Il suivait la méthode d'exégèse de son père, fondée sur l'explication du sens littéral de la Bible, avec des commentaires philologiques (Genèse, Kirchheim, 1842 ; Prophètes, Guadalajara, 1482 ; Psaumes, 1477). Bien que de tendance rationaliste, il s'intéressa aussi à la mystique, et écrivit des commentaires ésotériques sur quelques chapitres de la Genèse (de ii, 7 à v, 1) et sur le chapitre ier du Livre d'Ézéchiel. Ses commentaires renferment un matériel important de polémique antichrétienne, qui s'appuie sur l'ouvrage de son père, le Sefer ha-Berit.
Moïse, grammairien et exégète, écrivit notamment un important traité de grammaire (Pesaro, 1508) qui a joui d'une grande diffusion parmi les hébraïsants chrétiens de la Renaissance, grâce à la traduction latine de Sébastien Muenster (Liber viarum linguae sacrae, Paris, 1520). Dans ses travaux d'exégèse, imprimés dans les bibles rabbiniques sous le nom d'Abraham ibn Ezra, Moïse commenta les livres des Proverbes, de Job, d'Ezra et de Néhémie.
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Écrit par
- Gabrielle SED-RAJNA : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
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